L'agriculture mondiale doit «changer radicalement» pour prévenir les pénuries de vivres, la distribution inégale des ressources et la dégradation de l'environnement, selon un rapport produit par les Nations unies et la Banque mondiale.

L'agriculture mondiale doit «changer radicalement» pour prévenir les pénuries de vivres, la distribution inégale des ressources et la dégradation de l'environnement, selon un rapport produit par les Nations unies et la Banque mondiale.

La hausse de la productivité s'est traduite par de plus grandes quantités d'aliments moins chers pour certains, mais au détriment de la qualité, de la sécurité alimentaire et de l'utilisation durable des ressources naturelles, soutient le rapport écrit conjointement par 400 scientifiques de l'International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology for Development (IAASTD), une division de la Banque mondiale.

On s'attend à ce que le nombre de personnes exposées à des pénuries de vivres augmente de 0,4% par année tandis que les coûts des activités agricoles augmentent, que les changements climatiques provoquent des récoltes inégales et que les prix des aliments de base tels que le riz, le maïs et le blé grimpent en raison de la demande concurrente des industries alimentaires et des biocarburants, souligne le rapport.

«En continuant de se concentrer sur la seule production, on minera notre capital agricole et cela nous laissera une planète de plus en plus dégradée et divisée», avance Robert Watson, directeur de l'IASSTD.

«Il arrive souvent que les plus pauvres parmi les pauvres fassent très peu de gains ou pas du tout, et 850 millions de personnes ont encore faim ou souffrent de malnutrition, sans compter que 4 millions de plus gonfleront leurs rangs chaque année», ajoute-t-il.

Les prix du blé, du maïs, du riz et du soya ont atteint des niveaux records cette année au moment où les stocks mondiaux ont diminué et en raison de la hausse de la demande.

La Banque mondiale soutient que 33 pays, depuis le Mexique jusqu'au Yémen, pourraient devoir faire face à de l'agitation sociale après que les coûts de l'alimentation et de l'énergie ont augmenté pendant six années de suite.

Ce mois-ci, le premier ministre haïtien Jacques Édouard Alexis a été évincé à la suite de violentes manifestations contre les coûts des aliments.

«Bien que nombre de personnes considèrent la situation comme un succès, les avantages de l'augmentation de la productivité dans le monde agricole ne sont pas partagés également, soutient M. Watson. Nous mettons sur nos tables des aliments qui semblent bon marché, mais ces aliments ne sont pas toujours sains et ils comprennent des coûts énormes en eau, en sol et en diversité biologique.»

Le rapport de l'IAASTD affirme qu'il faut lever les barrières tarifaires pour que les pays les plus pauvres puissent profiter de la hausse des prix des produits agricoles.

Les biocarburants produits à partir de denrées vivrières sont susceptibles de faire croître l'insécurité alimentaire en poussant les prix encore plus haut et en provoquant l'éviction de fermiers, selon le rapport.

Si les plantes modifiées génétiquement peuvent augmenter les rendements, les risques environnementaux et pour la santé liés à cette technologie demeurent toutefois incertains, ajoute le rapport.