Leur long exil sous les Tropiques leur a donné la piqûre des hivers doux, et ils espèrent bien y passer en partie leur retraite.

Leur long exil sous les Tropiques leur a donné la piqûre des hivers doux, et ils espèrent bien y passer en partie leur retraite.

«Nous sommes deux baby-boomers qui avons séjournés à l'extérieur du pays durant 15 ans et nous n'avons pas contribué à nos REER durant ces années d'exil», confie Luc.

Luc avait tout de même pris de l'avance avant son séjour à l'étranger, et son REER compte aujourd'hui 170 000 $. Celui de son conjoint Daniel contient 30 000 $. Ils possèdent en outre une réserve de 87 000 $ en dollars américains, destinée aux voyages. Ils n'ont aucun régime de retraite complémentaire.

De retour au Québec depuis trois ans, Luc et Daniel, respectivement âgés de 56 et 57 ans, travaillent maintenant à temps partiel, à raison de trois jours par semaine. Ils touchent des salaires de 18 000 $ et 20 000 $.

Ils espèrent ralentir encore davantage le rythme, pour cesser complètement de travailler à l'automne 2009, au moment où ils auront achevé de payer leur copropriété, d'une valeur approximative de 200 000 $. Leur budget dégagera alors une marge de manoeuvre supplémentaire de 12 350 $ par année. La maison compte un petit studio, qui rapporte un revenu de location complémentaire de 600 $ par mois.

«Nous désirons toucher des revenus bruts d'environ 26 000 $ par année», énonce Luc. Ce revenu après impôt doit leur permettre de passer l'hiver au chaud, sous le soleil du Mexique, et de faire en outre un voyage annuel, que leur longue expérience leur permet de planifier à coût réduit.

Pour concrétiser ce programme, ils envisagent notamment la vente de leur condo quand ils auront atteint 70 ans. «Nous devrons acquérir un nouveau véhicule d'environ 22 000 $ en 2012, ajoute Luc. Croyez-vous que ce projet est réalisable?»

Trois options

Après discussion avec les deux hommes, le planificateur Alain Element, de BMO Banque de Montréal, a élargi le choix à trois possibilités.

Le planificateur a fait des projections pour chacun de ces scénarios. Dans tous les cas, il a supposé une inflation de 3 % et un rendement de 4 % sur les placements. Les dépenses fixes du couple, incluant le chauffage, les taxes foncières et les charges de copropriété s'élèvent à 6430 $ par année. «Les vacances annuelles se chiffrent à 3500 $ pour un mois, et la location au Mexique est estimée à 850 $US par mois», précise-t-il.

Selon leur hypothèse initiale, Luc et Daniel pourraient vendre leur condo à 70 ans, louer alors un appartement pour environ 900 $ par mois, et maintenir le rythme actuel d'un séjour hivernal au Mexique.

Alain Element constate d'abord que les rentes gouvernementales, les REER, les revenus de placements et le revenu de location de 600 $ par mois combleront largement les revenus espérés de 20 000 $ après impôts. En fait, dans cette hypothèse, le capital s'accroît jusqu'à 90 ans!

Si le couple ajustait son train de vie pour que son capital s'épuise à 90 ans, il pourrait en fait maintenir un train de dépenses de 32 500 $ par année.

Dans un second scénario, Luc et Daniel vendaient plutôt leur copropriété à 60 ans. Ils seraient alors en mesure de soutenir jusqu'à 90 ans un coût de vie de 33 500 $ par année. De mieux en mieux.

Mais notre planificateur privilégie une troisième voie.

Luc et Daniel pourraient conserver leur copropriété et mettre leur appartement en location, en sus du studio déjà loué. Ils en tireraient un revenu de location total de 1900 $ par mois. Du printemps à l'automne, ils occuperaient la maison secondaire d'une amie pour en faire le gardiennage, et ils retourneraient au Mexique lorsque la bise serait venue. Le coût de la location au Mexique équivaudrait approximativement aux dépenses encourues pour la maison de l'amie, soit quelque 850 $ par mois.

Les calculs du planificateur montrent que Luc et Daniel pourraient ainsi maintenir un revenu après impôt de 37 500 $.

«Cette situation est plus avantageuse que la vente du condo, commente-t-il. Si nous soustrayons du revenu locatif les dépenses telles que les taxes et les frais de condo, le rendement (c'est-à-dire le rapport du revenu locatif net sur la valeur du condo) sera de 9,3 %. Ce rendement est deux fois plus important que si nous investissions le produit de disposition à un taux de 4 %.» En effet, souligne-t-il, le couple tolère mal le risque et les placements seraient nécessairement très conservateurs.

Bénéfice supplémentaire, le condo «demeure un actif tangible dans le patrimoine de Luc et Daniel», ajoute notre conseiller. Il pourra toujours servir d'outil de financement, si le besoin s'en fait sentir.

En somme, les revenus combleront amplement les coûts de leurs projets, quelles que soient les solutions de logement adoptées. Enfin, le surplus budgétaire permettra aisément au couple de se procurer la voiture de 22 000 $ dont ils ont dressé le portrait, pour laquelle ils pourront sans doute obtenir un financement avantageux auprès du concessionnaire.

La voie du Sud est ouverte.

LA SITUATION

Après 15 ans de travail à l'étranger sans contribuer à leur REER, Luc et Daniel, à l'approche de la soixantaine, se demandent si leurs économies leur permettront de prendre bientôt leur retraite... en partie dans le Sud.

LES CHIFFRES

Luc, 56 ans

- Revenu: 20 000 $

- REER: 170 000 $

Daniel, 57 ans

- Revenu: 18 000 $

- REER: 30 000$

AUTRES ACTIFS

- 89 000 $US

- 18 000 Euros

- Propriété: valeur de 200 000 $, solde hypothécaire de 12 000 $

LA SUGGESTION

Plutôt que de vendre leur condo à 70 ans, comme ils en ont l'intention, Luc et Daniel dégageraient presque le double des revenus visés en le conservant et en en faisant la location.

Alain Element, planificateur financier, BMO Banque de Montréal