Les conditions de ciel sont variables au-dessus de Bell Helicopter Textron Canada, à Mirabel.

Les conditions de ciel sont variables au-dessus de Bell Helicopter Textron Canada, à Mirabel.

Du côté du Bell 429, le premier rejeton de la famille MAPL (Modular Affordable Product Line), le ciel est encore bien bleu. D'ici huit à 10 semaines, l'appareil franchira une importante étape dans son développement, soit le gel de la configuration de ses divers éléments.

À ce moment, Bell Helicopter pourra inscrire officiellement à son carnet les quelques 300 commandes passées pour le nouvel appareil.

Cela fera carrément doubler le carnet de commandes. En effet, au premier janvier dernier, la valeur de ce carnet tournait autour d'un milliard de dollars américains. À un prix moyen de 4,5 millions par appareil, les 300 commandes passées pour le 429 représentent un peu plus de 1,3 milliard.

En plus des prototypes, trois appareils Bell 429 ont quitté la ligne de production et participent aux essais en vol. Un quatrième sera présenté au salon aéronautique de Farnborough cette semaine.

Le ciel est plus nébuleux du côté de l'ARH (Armed Reconnaissance Helicopter), la version militarisée du Bell 407. Un réexamen du Congrès américain pourrait faire perdre à Bell Helicopter cet énorme contrat de quatre milliards de dollars. C'est toutefois une chose peu probable, selon l'analyste Stephen Tusa, de la firme new-yorkaise JP Morgan.

Le contrat initial, accordé en août 2005, portait sur 368 appareils qui devaient être assemblés à Mirabel et pourvus d'équipement militaire dans les installations de Bell Helicopter Textron aux États-Unis. Le programme a connu un premier écueil en mars 2007: inquiet au sujet de délais importants et d'une explosion des coûts, le Pentagone a ordonné la fin des travaux et donné 30 jours à Bell Helicopter pour remettre de l'ordre dans ses affaires. Les parties ont fini par s'entendre et les travaux ont repris.

Nouveau revers

Mais la semaine dernière, le programme, qui porte maintenant sur 512 appareils, a subi un nouveau revers : les coûts de développement et de production ont tellement augmenté, passant de 8,55 millions à 12,26 millions par appareil, que le Congrès devra se pencher sur la question.

Il s'agit d'un mécanisme de révision automatique qui se déclenche dès que les coûts d'un contrat militaire augmentent de plus de 40% par rapport aux coûts prévus à l'origine.

«Nous prenons ça au sérieux, mais de notre côté, nous poursuivons notre travail normalement, a commenté le directeur du développement des affaires chez Bell Helicopter Textron Canada, Michel Legault. Nos collègues américains sont en discussion avec l'armée.»

Stephen Tusa, de JP Morgan, a indiqué que l'annulation du contrat constituerait le pire scénario possible, compte tenu des retombées intéressantes que ce genre de programme génère toujours pour le constructeur choisi. «Nous pensons toutefois que c'est improbable parce qu'il n'y a pas vraiment de solution de rechange et que l'armée a besoin de ces appareils, a-t-il écrit. Elle aurait pu annuler le contrat l'année dernière et elle ne l'a pas fait.»

M. Legault a indiqué pour sa part que la version civile de l'appareil, le 407, est particulièrement populaire et que le carnet de commandes est plein pour plusieurs années encore.

«Nous aimerions aller le plus rapidement possible pour répondre à la demande, mais nous sommes limités par la capacité de nos fournisseurs, a-t-il noté. Eux-mêmes sont limités par la disponibilité des matériaux de base et, au Québec, par la rareté de la main-d'oeuvre.»