Devant la détérioration rapide de l'économie canadienne et l'impuissance des politiciens fédéraux à convenir rapidement d'un plan de relance, la Banque du Canada n'hésitera pas à abaisser son taux directeur demain.

Devant la détérioration rapide de l'économie canadienne et l'impuissance des politiciens fédéraux à convenir rapidement d'un plan de relance, la Banque du Canada n'hésitera pas à abaisser son taux directeur demain.

Selon les spécialistes, la baisse pourrait atteindre 50 centièmes, voire même 75 centièmes.

L'équipe de nos banquiers centraux dirigée par Mark Carney avait déçu les attentes des marchés financiers en octobre en ramenant de 2,50% à 2,25% seulement le taux directeur. À n'en pas douter, elle se montrera beaucoup plus énergique cette fois-ci.

Depuis l'annonce de sa dernière décision le 21 octobre, la Bourse de Toronto a poursuivi son piqué, le moral du consommateur est rendu dans ses talons et, surtout, le taux d'inflation recule beaucoup plus vite que ce à quoi la Banque s'attendait.

En outre, comme le souligne l'équipe économique de Desjardins, la récession de l'économie canadienne prévue à compter de l'automne diminuera le taux d'utilisation de la capacité de production et, par conséquent, réduira de façon générale les pressions inflationnistes au pays. De plus, la baisse des prix de l'énergie favorisera encore une réduction de l'inflation totale au cours des prochains mois.

Voilà pourquoi M. Carney a déclaré à Londres à la mi-novembre qu'une décélération de la croissance économique et de l'inflation paraît plus rapide que ce à quoi il s'attendait seulement deux semaines auparavant.

Détente monétaire

Dans un discours en Nouvelle-Écosse le 27 novembre, le sous-gouverneur Pierre Duguay a quant à lui répété «qu'il faudra probablement augmenter le degré de détente monétaire pour atteindre la cible d'inflation à moyen terme».

Au Canada, le taux directeur demeure relativement élevé même si la Banque n'a pas hésité à le réduire de moitié en un an.

Aux États-Unis, le taux de la Réserve fédérale américaine est à 1,0% alors que l'inflation trottine au-dessus des 3,0% en termes annuels.

En termes réels, le taux directeur est donc négatif et personne ne doute que la Fed n'a pas terminé son travail.

Au Canada, l'indice des prix à la consommation voguait à 2,6% en octobre et tout indique qu'il a baissé encore en novembre compte tenu de la chute des prix de l'essence. L'indice de référence de la Banque qui exclut les composantes les plus volatiles, progresse à 1,7% seulement, soit en-deçà de la cible de 2,0% de la banque.

«La croissance négative du PIB réel (au quatrième trimestre) et l'augmentation du chômage exigent un abaissement du taux directeur par la banque centrale sous le niveau de l'inflation selon l'IPC de référence le plus vite possible, croit Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Il faudrait pour ça une réduction de 75 points de base par rapport au niveau actuel mardi (demain).»

En fait, les marchés accordent une probabilité de 40% à pareil scénario. Il a toutefois gagné en crédibilité vendredi avec la publication de très mauvais chiffres de l'emploi en novembre. En outre, d'autres banquiers ont sabré leur taux directeur davantage bien qu'il faille préciser qu'ils avaient du retard à rattraper.

Le plus probable demeure une baisse de 50 centièmes, qui ne serait toutefois pas la dernière du présent cycle.

À cinquante centièmes, la coupe serait deux fois plus importante que celle d'octobre. Elle porterait le taux cible de financement à un jour et le taux d'escompte à des creux de près de 50 ans.

«Le drame en cours à Ottawa pousse les marchés à parier que le gouverneur Carney va porter un peu le flambeau pendant que les travaux parlementaires sont prorogés, indiquent Avery Shenfeld et Krishen Rangasamy de CIBC Marchés mondiaux. Malgré l'affreux rapport de novembre sur le marché du travail, nous nous attendons à une coupe de seulement 50 centièmes par la Banque.»