Les patrons des trois géants américains de l'automobile -General Motors, Ford et Chrysler- ont à nouveau demandé jeudi au Congrès d'adopter un plan de sauvetage de 34 G$ pour aider leurs entreprises à survivre à la crise économique.

Les patrons des trois géants américains de l'automobile -General Motors, Ford et Chrysler- ont à nouveau demandé jeudi au Congrès d'adopter un plan de sauvetage de 34 G$ pour aider leurs entreprises à survivre à la crise économique.

Tous trois sont arrivés en voiture au Capitole, à Washington, à bord de nouveaux modèles fabriqués par leur entreprise respective, pour participer à une audition de la Commission bancaire du Sénat sur le renflouement du secteur automobile.

Il y a deux semaines, ils s'étaient déjà rendus au Congrès pour demander l'aide du gouvernement fédéral, mais n'avaient pas convaincu les parlementaires.

Avant de témoigner, Rick Wagoner, le PDG de GM, s'est excusé de demander l'aide du contribuable.

«Nous aimerions que la situation du marché soit meilleure, mais ce n'est pas le cas», a-t-il déclaré à la presse.

«Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous avons fait des erreurs», a-t-il également admis.

Le PDG de Chrysler, Bob Nardelli, a de son côté affirmé que cette audition parlementaire était «la plus importante» à laquelle il ait été appelé à assister «en 38 ans de carrière».

Pour sa part, le patron de Ford, Alan Mulally, a souligné que si sa société n'était pas dans une situation aussi désespérée que GM et Chrysler, une garantie fédérale de quelque neuf milliards de dollars pourrait lui être très utile.

Le sénateur républicain Richard Shelby, membre de la commission, s'est plaint que le montant de l'aide demandée ait été revue à la hausse depuis la précédente audition du trio deux semaines plus tôt.

Il a pressé les trois dirigeants d'en expliquer la raison et de dire en quoi cette aide n'allait pas juste «soutenir un modèle d'activité en faillite pendant quelques mois» et comment ils comptaient s'y prendre pour rembourser le contribuable.

Le président de la Commission, le démocrate Chris Dodd, qui soutient le principe d'une aide au secteur automobile, a précisé que les projets détaillés soumis par les «Big Three» au Congrès en début de semaine sur l'utilisation qu'ils feraient de prêts bonifiés fédéraux laissaient encore de nombreuses questions en suspens.

Il a toutefois reconnu que la conjoncture économique s'était dégradée depuis la dernière audition des trois dirigeants fin novembre.

«En seulement deux semaines, les nuages sur l'horizon économique sont devenus plus sombres et plus nombreux», a-t-il souligné, rappelant l'annonce intervenue cette semaine selon laquelle l'économie américaine est entrée en récession dès décembre 2007. «L'inaction n'est pas la solution», a-t-il ajouté.

Ces propos font écho à l'avis d'autres leaders démocrates qui se plaignent que l'administration Bush n'utilise pas le plan de sauvetage de 700 G$ en faveur des banques, déjà en vigueur, pour aider l'industrie automobile.

Un peu plus tôt, le leader de la majorité au Sénat, le démocrate Harry Reid, a jugé peu probable que le Congrès décide d'une aide au secteur automobile avant la fin de l'année. «Je ne pense pas que nous ayons les voix nécessaires maintenant», a-t-il déclaré à l'Associated Press.

Le nouveau Congrès issu des élections du 4 novembre, marquées par une progression des démocrates dans les deux chambres, se réunira début janvier.

Selon les opposants au renflouement de l'industrie automobile, les constructeurs sont mal gérés et n'ont pas donné l'assurance qu'ils n'auront pas besoin ultérieurement d'une aide supplémentaire.

Devant le Congrès, le «Big Three» ont mis en avant de nouveaux modèles futuristes et «verts» dans l'espoir d'améliorer leur image de fabricants de gros véhicules, comme les 4X4, gourmands en carburant.

Leurs trois dirigeants avaient fait le voyage entre Detroit et Washington, soit 840 kilomètres, à bord de voitures hybrides, signe qu'ils ont également tenu compte des critiques des parlementaires qui leur avait reproché d'être venu la dernière fois à bord de jets privés...

L'audition à la Commission du Sénat devait être suivie par une autre devant une commission de la Chambre des représentants vendredi.

Elle devrait aider le Congrès à décider s'il examine un plan de sauvetage pour l'industrie automobile lors d'une session parlementaire spéciale la semaine prochaine.