Après avoir eu toutes les misères du monde à démêler les actifs de l'un et de l'autre, les inspecteurs du fisc sont tombés à bras raccourcis sur l'homme d'affaires Tony Papa et sa femme, auxquels ils réclament 18,6 M$ en impôts impayés pour les années 2002 à 2007.

Après avoir eu toutes les misères du monde à démêler les actifs de l'un et de l'autre, les inspecteurs du fisc sont tombés à bras raccourcis sur l'homme d'affaires Tony Papa et sa femme, auxquels ils réclament 18,6 M$ en impôts impayés pour les années 2002 à 2007.

En attendant le paiement, ils ont gelé les avoirs du couple, évalués à près de 10 millions, dont une luxueuse maison de 1,4 M$ à Hampstead, un «chalet» de 200 000$ à Saint-Sauveur et un condo de 1,5 M$ au centre-ville de Montréal.

Durant ces six années, indique l'Agence du revenu du Canada dans un document déposé au greffe de la Cour fédérale à Montréal, Tony Papa et Micheline Gallo, tous deux actionnaires d'un petit salon de coiffure du boulevard Décarie, ont camouflé pas moins de 25,3 millions en revenus imposables au gouvernement canadien.

Tony Papa a déclaré 706,309$ et sa femme, 262,315$.

Selon les fonctionnaires fédéraux, le couple a contourné le système en se servant d'une fiducie familiale comme paravent. Ils ont également utilisé leur fillette de 11 ans comme prête-nom en faisant transiter une somme de 500 000$ dans son compte bancaire.

Ils ont aussi loué au nom du Château de Beauté Évita deux Ferrari 360 de l'année 2004 et une Audi A-8 de l'année 2006. Officiellement, Papa ne possède pas de voiture, alors que Micheline Gallo conduit une Acura MDX qu'elle a payée 62 350$ à la fin de 2006.

«Penny stocks»

Papa et sa femme - elle est la soeur de Moreno Gallo, l'un des mafiosi les plus haut cotés à Montréal - tirent le gros de leurs revenus de prêts et de transactions boursières d'actions de faible valeur (les fameux «penny stocks», comme on les appelle dans les milieux financiers).

En 26 mois, de septembre 2005 à octobre 2007, Papa et sa femme ont échangé plus de 246 000 actions par le biais d'une quinzaine de comptes de courtage ou de courtiers en valeurs mobilières de Montréal, Hamilton et Vancouver.

Pas moins de 1500 transactions de ces fameux «penny stock» ont été effectuées. Le 26 septembre 2007, près de 10 millions d'actions de petites entreprises ont été transférées au Panama.

Ainsi, entre le 27 juin 2006 et le 23 octobre 2007, des sommes totalisant 7,1 millions en devises canadiennes et américaines ont été retirées de leurs comptes de courtage pour se retrouver dans divers comptes bancaires à leurs noms ou à celui de la fiducie Tony Papa.

Inquiètes «du nombre important de transactions inhabituelles de «penny stocks», trois institutions financières de Montréal ont cessé de faire affaire avec lui. Les vérifications ont démontré que le nom de Tony Papa figure dans plusieurs communiqués de presse diffusés sur le site B.Net à propos de Financial Access Solutions Technologies.

Connue sous le sigle FLST, cette compagnie s'est déjà appelée Bach-Hauser et ABV Gold.

Ancien propriétaire d'un chic restaurant du boulevard Saint-Laurent qui a fermé ses portes, Papa a également caché au fisc des échanges d'argent et d'actions totalisant plus de 600 000$ avec des gens du milieu interlope montréalais, dont le fraudeur Stewart Goldstein, qui avait une dette de jeu de 1,2 million avec clan Rizzuto, et Joey Sollecito, fils de Rocco Sollecito, un des chefs mafieux arrêtés lors de l'opération Colisée en novembre 2006.

Les noms de Tony Papa et de son beau-frère Moreno Gallo sont ressortis dans cette enquête antimafia qui a duré cinq ans. Gallo est actuellement emprisonné pour avoir manqué à sa parole durant sa libération conditionnelle.

Le 24 octobre 2005, la GRC a notamment intercepté au café Consenza, quartier général du clan sicilien, une conversation dans laquelle un certain Joe Renda se plaint que Papa a transféré à Micheline Gallo trois millions d'actions appartenant à sa femme en imitant sa signature.

Selon Renda, qui menaçait de s'en prendre à Papa, celui-ci aurait tenté de faire la même chose avec les actions de Stewart Goldstein. Renda cherchait à obtenir l'intervention des hautes instances de la mafia. En cas de refus, il sollicitait leur permission pour régler le problème lui-même.