Les automobilistes et autres utilisateurs de diesel l'ont peut-être remarqué: le prix de leur carburant est en pleine ascension depuis le début de l'année.

Les automobilistes et autres utilisateurs de diesel l'ont peut-être remarqué: le prix de leur carburant est en pleine ascension depuis le début de l'année.

À Montréal, le prix de vente à la pompe s'élevait à environ 1,36 $ cette semaine selon les données compilées par la firme de consultants MJ Evrin & Associates, de Calgary.

C'est déjà 14 cents de plus qu'au début de l'année, alors qu'il se situait à 1,22 $.

C'est surtout beaucoup plus élevé que le prix de l'essence à la pompe. Selon la Régie de l'énergie, le litre d'essence se vendait de 1,16 $ à 1,19 $ dans la région montréalaise jeudi.

Comment expliquer cet écart important (près d'une vingtaine de cents entre le diesel et l'ordinaire) si l'on se souvient que le carburant diesel a déjà coûté moins cher que l'essence ordinaire?

Si le pétrole cher contribue aux prix constatés récemment, ce n'est pas la seule raison à noter, explique Michael Ervin, président de MJ Ervin & Associates.

«Ils sont élevés car les prix de gros sont élevés en Europe à l'heure actuelle, dit M. Ervin. Ces prix sont causés par la grande demande dans la plupart des marchés européens, ce qui force l'Amérique du Nord à s'ajuster.»

Au 19 mars, ce prix d'achat s'élevait à 1,297 $ le litre à Montréal, taxes et transport inclus, selon la Régie de l'énergie.

«Les stocks sont relativement acceptables ces jours-ci, dit M. Ervin, mais si l'on gardait les prix de gros trop bas ici, les expéditions seraient redirigées vers l'Europe car les vendeurs y obtiendraient de meilleurs prix.»

La forte demande sur le Vieux Continent s'explique en partie par le carburant utilisé afin de faire rouler les voitures. «Dans des pays comme l'Allemagne et la France, la majorité des véhicules fonctionnent au diesel au lieu de l'essence», souligne Michael Ervin.

Olivier Bourgeois, analyste en énergie chez Option consommateurs, voit d'autres raisons qui peuvent contribuer à cette flambée du diesel à la pompe. «Les marges de profit du diesel sont beaucoup plus élevées que celles de l'essence. Elles sont d'environ 6 à 8 cents le litre pour le diesel contre jusqu'à 3 ou 4 cents pour l'essence.»

La présence moins importante du diesel dans les stations-service au Québec doit être considérée comme un facteur qui fait monter les prix.

«Les achats de diesel, précise M. Bourgeois, sont probablement déterminés par la capacité de trouver une autre station qui en offre. Lorsqu'on en a besoin, on regarde moins le prix et on achète au premier endroit que l'on trouve. Pour l'essence, on sait qu'il y a une autre station à une dizaine de coins de rue. Il s'agit de la marge de manoeuvre pour magasiner.»

Cet analyste se demande aussi si l'efficacité énergétique ne peut pas être une cause qui fait augmenter la demande.

«C'est peut-être lié à un regain de popularité du diesel dans les nouveaux modèles de voitures depuis deux ou trois ans, dit-il. Ces voitures sont réputées pour leur haute efficacité car on peut faire plus de kilométrage avec un plein. Les détaillants en profitent-ils pour augmenter les prix car les consommateurs n'en souffriront pas trop ?»

Enfin, Michael Ervin n'exclut pas l'impact d'un hiver plus rigoureux sur les stocks cette année. «La météo sur la côte Est a certainement contribué à une production plus grande d'huile à chauffage, qui est une autre forme de diesel», conclut-il.