Le grand patron de Cogeco (T.CGO) vit la déconfiture de TQS comme l'échec d'un «grand rêve de plusieurs décennies».

Le grand patron de Cogeco [[|ticker sym='T.CGO'|]] vit la déconfiture de TQS comme l'échec d'un «grand rêve de plusieurs décennies».

«Cogeco a laissé un gros morceau de son histoire avec son retrait de la télévision généraliste et ce moment est particulièrement difficile à vivre pour plusieurs d'entre nous», a admis jeudi Louis Audet, président et chef de la direction, pendant une conférence organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

TQS s'est placée à l'abri de ses créanciers peu avant Noël. La station, déficitaire et lourdement endettée, est administrée depuis par le syndic de faillite RSM Richter, qui tente de trouver un acheteur.

Louis Audet se défend bien d'avoir abandonné le Mouton noir et ses 650 employés.

«Lorsque nous avons acquis TQS, nous concrétisions un grand rêve de plusieurs décennies, a-t-il dit pendant un point de presse. Je peux vous assurer que nous avons fait tout ce que nous pouvions faire, du mieux que nous le pouvions. Ça n'empêche pas que d'aucuns peuvent nous critiquer. Je peux comprendre.»

Cogeco a perdu 80 millions de dollars depuis qu'il a acheté TQS en 2001 avec Bell Globemedia (aujourd'hui CTVglobemedia). La saignée ne pouvait plus durer, a souligné Louis Audet.

«Notre décision est une décision d'affaires, fondée sur des motifs clairs, que nous exécutons dans l'intérêt de nos actionnaires», a-t-il dit.

Le syndic RSM Richter est en discussion avec «un certain nombre» d'acheteurs potentiels, qui ont eu accès aux livres de TQS. Les intéressés ont jusqu'au 25 février pour déposer une offre d'achat formelle. La Cour supérieure tranchera la question le 10 mars prochain.

Ce sont les créanciers - à qui TQS doit plus de 68 millions de dollars - qui décideront ultimement d'approuver ou non la transaction si TQS reçoit des offres sérieuses. La faillite demeure possible.

Louis Audet s'est toutefois dit optimiste, vu l'intérêt manifesté par différents groupes non identifiés. «Ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que TQS connaisse une deuxième vie, dans les mains d'un nouveau propriétaire, qui saura prendre les bonnes décisions et aborder la chose de façon différente.»

Le président de Cogeco a encore une fois blâmé Radio-Canada et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour la déconfiture du Mouton noir.

Il déplore notamment le virage commercial entamé par la télévision d'État, qui désavantage les réseaux généralistes comme TQS.

Acquisitions

Maintenant que le chapitre TQS est clos -ou presque-, Cogeco espère poursuivre sa croissance dans le secteur de la câblodistribution. L'entreprise veut réaliser des acquisitions en Europe et bénéficie d'un peu plus de 500 millions d'euros (731 millions CAN) pour y arriver.

«On a beaucoup baissé notre ratio d'endettement grâce à l'émission d'actions, alors on est prêt», a dit Louis Audet.

Cogeco a acquis en 2006 Cabovisao, un câblodistributeur portugais. Louis Audet se dit satisfait de la performance de cette filiale, malgré la concurrence féroce dans ce pays et le scepticisme des investisseurs.

Cogeco a enregistré une perte de 10 millions de dollars au premier trimestre de cette année, en bonne partie attribuable aux déboires de TQS. Les profits avaient atteint 6,8 millions à la même période l'an dernier.

L'entreprise a revu à la baisse ses prévisions pour l'année financière 2008. Les revenus devraient atteindre 1,12 milliard pendant l'exercice, plutôt que 1,19 milliard. Le bénéfice net prévu a été ramené de 30 à 22 millions.