Bombardier (T.BBD.B) mise juste avec le lancement des avions transcontinentaux CSeries malgré la minceur du carnet de commandes initial, selon les analystes qui l'ont à l'oeil.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] mise juste avec le lancement des avions transcontinentaux CSeries malgré la minceur du carnet de commandes initial, selon les analystes qui l'ont à l'oeil.

Aussi, les investisseurs boursiers qui anticipaient ce projet ambitieux ont déjà bien réagi à sa confirmation.

Les actions de Bombardier ont bondi de 7% hier au début de leur première séance de négoce à la Bourse de Toronto, après l'annonce de la CSeries au Salon aéronautique de Farnborough, près de Londres.

Elles se sont repliées ensuite pour terminer en hausse modeste de 1,6% à 7,22$, mais avec un volume très élevé de 35 millions d'actions échangées.

Malgré ce gain, les actions de Bombardier demeurent bien en dessous de leur sommet sur un an de 8,97 $, atteint au début de juin.

N'empêche que plusieurs analystes ont réitéré hier leur recommandation d'achat des actions de Bombardier. La moyenne de leur prix cible, d'ici un an, cote autour de 10,28 $.

Si elle s'avère, une telle cible représenterait une appréciation d'environ 35%, portant la valeur boursière de Bombardier autour des 13,5 G$ US.

«Après maintes spéculations, le lancement de la CSeries est très positif pour Bombardier. Elle peut désormais se concentrer sur la meilleure réalisation possible de ce projet, ce qui devrait profiter aux actionnaires» estime Chris Murray, analyste de l'industrie et des transports chez Marchés Mondiaux CIBC, à Toronto.

Évidemment, d'ici 2013, année prévue de livraison des premiers biréactés CSeries, les analystes prévoient un impact plutôt négatif des coûts de développement sur les finances de Bombardier.

Mais pas de problèmes de financement, anticipe l'agence de cotation DBRS, grâce notamment au «partage de risque» convenu avec des fournisseurs-clés et des gouvernements.

Ensuite, l'équation financière de la CSeries pour Bombardier devrait s'inverser dès son exercice financier de 2014-15.

Pour un, l'analyste Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) s'attend alors des revenus annuels d'environ 4 G$ US liés aux avions CSeries.

Et à moins de surcoûts ou de délais de développement, la CSeries pourrait contribuer au moins 200 millions US par an en profits d'exploitation pour la division aéronautique.

"Lors de son arrivée vers 2013-2014, la CSeries profitera d'une avance considérable sur des concurrents potentiels dans son créneau (110-130 passagers)", souligne M. Poirier dans une note distribuée aux clients-investisseurs de VMD.

Ces concurrents potentiels seraient Boeing et Airbus avec une nouvelle génération de leurs petits biréactés : le B-737 et le A-320.

Or, selon Benoit Poirier, «en raison des problèmes avec leurs nouveaux gros porteurs (B-787 et A-380), Boeing et Airbus ont reporté leurs projets de petits jets au moins jusqu'en 2017 ou 2018.»

Fadi Chamoun, analyste chez UBS Investment à Toronto, abonde.

«La CSeries s'annonce très compétitive dans un créneau mal desservi par les avionneurs. De plus, son lancement a un impact stratégique pour Bombardier, la confirmant parmi les meneurs mondiaux des avions commerciaux», souligne M. Chamoun dans une note à ses clients-investisseurs.

Les analystes Benoît Poirier et Fadi Chamoun s'attendent à ce que Bombardier profite d'au moins cinq ans d'une bonne prise d'altitude de marché avec sa CSeries avant que ne se pointent de vrais concurrents.

«Je salue Bombardier d'avoir finalement décidé d'aller de l'avant avec un projet aussi ambitieux», a commenté pour sa part Rick Erikson, analyste en aviation, depuis son bureau de Calgary.

«Car si la CSeries réalise ses promesses de réduction des frais d'exploitation et de carburant, elle représentera une étape marquante de l'aviation commerciale.»

Selon M. Erickson, Bombardier pourrait répéter avec la CSeries une innovation de créneau semblable à ce qu'elle avait réussi avec ses jets régionaux, il y a plus d'une décennie.