Si plusieurs se préparent à affronter la récession appréhendée, d'autres planifient un boom économique et la création de milliers d'emplois, par la réalisation en 10 ans d'un grand chantier d'infrastructures de 100 milliards de dollars.

Si plusieurs se préparent à affronter la récession appréhendée, d'autres planifient un boom économique et la création de milliers d'emplois, par la réalisation en 10 ans d'un grand chantier d'infrastructures de 100 milliards de dollars.

De plus, selon Richard Payette, président et chef de la direction des comptables Raymond Chabot Grant Thornton, le Québec peut ainsi se doter d'une vaste expertise, à exporter dans plusieurs pays du monde.

Tout comme la construction des centrales de la Baie-James a contribué à la création de sociétés d'ingénieurs du Québec reconnus mondialement.

L'idée du conférencier lancée à la tribune de l'Association des MBA du Québec, hier, n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. À la table d'honneur, le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a écouté attentivement Richard Payette.

Par ailleurs, Johanne Desrochers, PDG de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, qui regroupe 59 firmes et 16 000 employés, a longuement conversé avec lui après son discours. De plus, l'idée a été soumise à Québec et des gens d'affaires l'appuient.

«La mauvaise nouvelle, c'est que les infrastructures du Québec tombent en ruine et que la moitié du réseau routier est à refaire. La bonne, c'est que la réfection des infrastructures représente un défi extraordinaire qui peut créer un boom économique», assure Richard Payette.

Pour faire des économies de bouts de chandelles et mettre fin aux déficits budgétaires, le Québec n'a pas entretenu sa maison pendant 25 ans et des rénovations ne suffisent plus, dit-il.

Le budget des infrastructures a chuté de 200$ à 100$ par habitant au Québec, de 1975 à 2000. Ce qui devait durer 100 ans s'écroule après 40 ans, comme le viaduc de la Concorde, à Laval.

Selon Statistique Canada, la valeur des 9000 ponts du Québec a chuté et atteint à peine celle de leurs équivalents des provinces de l'Atlantique, pourtant deux fois moins nombreux.

La mise à niveau des infra-structures coûterait 100 milliards, dit Richard Payette. Par contre, le Québec n'a pas ces 100 milliards et il ne peut taxer davantage, ni s'endetter encore, ni sabrer non plus les budgets de la santé et de l'éducation.

Richard Payette propose donc des partenariats public-privé (PPP) bien planifiés, surveillés par une régie pour assurer que les engagements soient respectés à la lettre.

En outre, le conférencier voit un grand plan directeur pour coordonner tous les chantiers et innover. Il n'hésiterait pas, en effet, à multiplier les remises en question.

Des sondages indiquent que 76% des Québécois acceptent le concept des PPP, comparativement à 64% pour l'ensemble des Canadiens.

Non seulement les comptables et les ingénieurs, mais aussi les entrepreneurs du Québec pourraient devenir des experts en PPP, ajoute Richard Payette, et participer ensuite à la remise à niveau des infrastructures, ailleurs.

Montréal peut déjà compter sur un bon noyau d'experts, selon Richard Payette. Sa société de comptables, la plus grande du Québec avec 2000 employés, dénombre 40 experts en PPP qui peuvent faire appel à des collègues, ingénieurs et financiers.

Comment on en arrive à 100 milliardsLa mise à niveau des infrastructures coûterait 100 milliards selon Richard Payette, président et chef de la direction des comptables Raymond Chabot Grant Thornton. Voici comment il entrevoit ces dépenses :

> Réparti sur 10 ans, le gros du montant, soit 60 milliards, viendrait des investissements effectués par Québec.

> Sur le budget d'Ottawa sur 7 ans (33 milliards), la part du Québec (25 %) représente un peu plus de 8 milliards.

> Les investissements d'Hydro-Québec sur 10 ans, soit 30 milliards.

> À tout cela s'ajoute le coût estimé des centres hospitaliers (CHUM et CUSM), soit 2 milliards.