Le nouveau patron de Transcontinental (T.TCL.A) garde le cap sur la croissance.

Le nouveau patron de Transcontinental [[|ticker sym='T.TCL.A'|]] garde le cap sur la croissance.

Et ce n'est pas la récession américaine ni les problèmes liés au monde de l'impression qui semblent l'intimider.

«On sera un consolidateur en imprimerie, on achètera des journaux et des magazines et on lancera d'autres produits», explique François Olivier, en entrevue dans ses bureaux montréalais.

Mais en plus, le président et chef de la direction veut mettre davantage l'accent sur les nouveaux services technologiques et numériques.

Plus de marketing

«On offrira plus de services marketing à nos clients qui utilisent déjà nos magazines, nos journaux et nos imprimés (circulaires, rapports annuels, etc.) pour les aider à rejoindre leurs audiences», dit celui qui est aux commandes depuis un peu plus d'un mois.

Des exemples? Le mois dernier, Transcontinental a acheté ThinData.

Il s'agit d'un chef de file canadien spécialisé en marketing direct interactif par courriel pré-autorisé.

«C'est une transaction importante pour nous car nos clients utilisent aussi les courriels pour rejoindre les consommateurs», explique le dirigeant.

Réseau d'écrans

Par ailleurs, l'an dernier, le groupe fondé par Rémi Marcoux a acquis Enixa Media. Cette entreprise possède un réseau d'écrans qui diffuse des publicités dans des épiceries (Metro, IGA, Loblaws, etc.) et des détaillants (Rona, etc.).

«C'est un secteur loin de l'imprimé mais il est utile pour des clients qui font affaire avec nous depuis longtemps», dit M. Olivier.

La compagnie offre même des services spécialisés dans les bases de données. Ils permettent notamment d'analyser les programmes marketing des clients.

«Dans certains cas, on passe d'un modèle mass média (une copie ou un circulaire par personne) à un service plus spécialisé qui rejoint une clientèle cible», ajoute-t-il.

Bref, Transcontinental est à la table avec ses clients non seulement pour leur parler d'imprimerie mais pour discuter de programmes marketing avec eux.

Pour le jeune dirigeant de 43 ans, aux commandes depuis un peu plus d'un mois, il n'y a pas de contradiction entre l'imprimé et le web.

«Certains pensent que l'internet est une menace pour les imprimeurs, dit François Olivier. Nous, on voit ça comme une opportunité car on fait travailler les deux médiums ensemble.»

Le groupe possède quelque 120 sites internet liés, notamment, à ses journaux et magazines. Du coup, il a créé des «communautés d'intérêts» pour les lecteurs et pour les annonceurs dans le monde des affaires (comme www.lesaffaires.com), de la décoration, des loisirs, des sports, de la mode, du style de vie, du jardinage, des aînés, etc.

«Quand on fait des campagnes promotionnelles, on a beaucoup plus de succès quand on mixe le web et le papier», remarque-t-il.

Pour le moment, les nouveaux services ne pèsent pas encore lourd dans les revenus totaux du groupe.

Le piège

«Mais il ne faut pas tomber dans le piège de comparer les revenus des activités naissantes avec ceux de nos activités traditionnelles», prévient-il.

Le président souligne que les nouveaux services ont une croissance «exponentielle» de 40 à 50% par année. Donc, il regarde avec une vision de long terme.

«Je me souviens qu'en 2001 la publicité dans les revues canadiennes s'élevait à 800 millions comparativement à 80 millions pour Internet», dit M. Olivier.

«Les prévisions pour 2011 c'est 900 millions pour les revues et deux milliards pour Internet!»

L'ENTREPRISE

Transcontinental est le premier imprimeur au Canada et le sixième en Amérique du Nord. La société est aussi le plus important éditeur de magazines destinés aux consommateurs et le deuxième éditeur de journaux locaux et régionaux au pays.

Elle est cotée à la Bourse de Toronto sous le symbole TCL.A. Elle compte près de 15 000 employés au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Ses revenus ont été de 2,3 milliards en 2007.

DÉFIS

Augmenter la croissance interne des ventes de 5% par année et le bénéfice par action ajusté de 10% par année.

STRATÉGIES

Miser sur les acquisitions et la croissance organique pour les secteurs de l'imprimerie et de l'édition. Offrir de nouveaux services marketing.

François Olivier, de Transcontinental: à retenir> Édition: «Il y a encore des occasions de croître de façon organique. On va lancer More cette année, un magazine pour les femmes de 40 ans et plus. Et il y a encore des possibilités d'acquisitions et de consolidation dans certains créneaux au Canada, dans les journaux communautaires et dans les magazines.»

> Santé de l'imprimerie: «Ça fait 10 que je suis dans l'imprimerie et ça fait 10 ans que le monde me dit que ça va mal. Nous, on a de la croissance à chaque année. Il y a même des périodes de l'année où on refuse des commandes. L'imprimerie c'est un métier où les périodes occupées, dans nos neuf créneaux, ne sont pas les mêmes. Il faut savoir gérer ça.»

> Consolidation dans l'imprimerie: «On voit notre développement se continuer, en termes d'acquisitions, dans le direct mail aux États-Unis et dans les imprimeurs en Amérique du Sud. Notre objectif est aussi d'augmenter nos revenus à l'interne de 5%.»

> Actifs de Quebecor World: «À ce que je sache il n'y a pas de processus. S'il y en a un, on va regarder les actifs qui s'inscrivent dans notre stratégie. On a très peu d'informations pour faire des commentaires spécifiques. Mais ils ont des créneaux porteurs pour nous, comme le direct mail et le direct marketing aux États-Unis. On a une bonne présence au Mexique mais on regarderait pour d'autres occasions pour se développer en Amérique du Sud où ils ont des actifs.»

> Impartition de journaux: «La prospection se fait presque exclusivement aux États-Unis car on a déjà beaucoup de partenaires au Canada. On est en discussion avec de grands éditeurs américains. On essaie de s'associer à ceux qui vont gagner. À cet égard, La Presse est un exemple parmi nos clients. Même si le marché des journaux canadiens est difficile, La Presse est à la hausse dans à peu près toutes les mesures. Aux États-Unis, le marché est encore plus difficile. C'est une lame à deux tranchants. Comme ils ont beaucoup de problèmes, les éditeurs sont très intéressés à nous rencontrer. Mais quand on est rendu assez loin dans les discussions, ils attendent pour voir si les choses vont empirer.»

> Financement: «On n'a pas besoin de financement public. On est peu endetté par rapport aux concurrents et à l'industrie. On a une bonne solidité financière. Ça fait partie de notre culture de grossir de façon prudente et raisonnable.»