Ventes de véhicules en hausse, livraisons accrues des manufacturiers: l'économie canadienne a affiché une vigueur surprenante en septembre, au moment même où la tempête se déchaînait sur les marchés financiers de la planète.

Ventes de véhicules en hausse, livraisons accrues des manufacturiers: l'économie canadienne a affiché une vigueur surprenante en septembre, au moment même où la tempête se déchaînait sur les marchés financiers de la planète.

Statistique Canada a publié ces données encourageantes hier matin, alors qu'on apprenait que les ventes au détail avaient chuté de 2,8% en octobre aux États-Unis, leur pire déclin en 16 ans.

Les livraisons des fabricants canadiens ont grimpé de 0,1% en septembre, à 52,2 milliards de dollars. Un contraste marqué avec le recul de 3,7% enregistré en août. Les ventes de voitures et camions neufs ont pour leur part bondi de 2,5% après trois baisses mensuelles consécutives.

Tout cela est bien beau, mais il n'y a pas lieu de trop s'exciter, ont averti des économistes. «Les nouvelles commandes sont en chute libre, ce qui laisse présager une baisse de la production dans les mois qui viennent», a indiqué dans un rapport Derek Holt, de Scotia Capital.

Statistique Canada confirme cette inquiétude. Les commandes placées auprès des manufacturiers ont diminué de 3,6% en septembre, un repli en partie attribuable «à la diminution considérable enregistrée par l'industrie des pièces et des produits aérospatiaux».

Cette baisse est d'autant plus troublante que la correction récente du dollar canadien - qui a clôturé hier à 81,60$US - ne devrait pas être d'un grand secours pour les exportateurs, d'après Charmaine Buskas, économiste à la Banque TD.

«Dans des circonstances différentes, cela aurait fait grimper la demande pour les produits canadiens, mais il semble que ce ne sera pas le cas cette fois-ci», a-t-elle écrit dans un rapport.

Répartition inégale

La production a augmenté dans 13 des 21 industries manufacturières du Canada en septembre. Le secteur du matériel de transport a connu la plus forte hausse (1,1%), entraîné par un bond de 4,8% des ventes de pièces et produits aérospatiaux.

Les fabricants de véhicules automobiles, concentrés en Ontario, ont de leur côté accusé un recul de 0,3%, moindre que celui de 4,7% du mois d'août.

Le secteur des métaux a été lui aussi été frappé par la baisse des cours des matières premières, avec une chute de 3% des ventes en septembre.

À l'échelle du pays, l'Alberta et le Québec ont affiché les performances les plus dynamiques, entraînés par des ventes vigoureuses de pétrole, de charbon et de produits liés à l'aviation.

Le gain a atteint 1,6% au Québec. «Depuis un an, les ventes ont augmenté de façon régulière dans cette province, et en septembre, elles ont été en hausse de 7,8% par rapport à celles observées en septembre 2007», a souligné Statistique Canada.

Concessionnaires heureux

Le mois de septembre a aussi souri aux concessionnaires automobiles, qui ont vu le nombre de transactions grimper de 2,5%. Au total, les Canadiens ont acheté 141 574 voitures et camions neufs.

Une remontée qui a pris de court les analystes. «C'est beaucoup plus fort que l'augmentation mensuelle de 1% à laquelle s'attendaient les marchés, et ça vient renverser la tendance à la baisse observée au cours des trois mois précédents», a indiqué Ian Pollick, économiste à la Banque TD.

Les ventes ont augmenté dans toutes les provinces à l'exception de la Saskatchewan. Et, bonne nouvelle pour GM, Ford et Chrysler, les Canadiens ont acheté 1,4% plus de voitures américaines en septembre qu'en août.

Les chiffres de vente d'octobre, encore provisoires, seront en légère baisse, a prévenu hier Statistique Canada.

Aux États-Unis, le mois d'octobre a été catastrophique pour les concessionnaires, qui ont vu les immatriculations diminuer de 32% par rapport à l'année précédente. Le volume est tombé sous la barre des 900 000 unités pour la première fois depuis 1993.

Le vice-président des ventes du géant en déroute GM, Mark LaNeve, a estimé la semaine dernière que c'était probablement «le pire mois pour les ventes automobiles de l'après-guerre».