Bombardier, AbitibiBowater et Couche-Tard le font. D'autres entreprises, elles, refusent. De quoi s'agit-il? De sortir du placard et dévoiler son bilan de gaz à effet de serre.

Bombardier, AbitibiBowater et Couche-Tard le font. D'autres entreprises, elles, refusent. De quoi s'agit-il? De sortir du placard et dévoiler son bilan de gaz à effet de serre.

C'est ce qu'on apprend en consultant la dernière mouture du Carbon Disclosure Project, dont le volet canadien sera dévoilé aujourd'hui à Montréal. L'idée derrière ce projet international est simple: envoyer un questionnaire aux plus grandes entreprises cotées en Bourse de la planète et les interroger sur les actions qu'elles prennent pour freiner les changements climatiques.

Puis, on regarde qui renvoie les questionnaires. Et on apprend des choses.

Un projet des groupes environnementaux? Pas du tout. Le projet émane en fait des investisseurs. Et pas n'importe lesquels: Caisse de dépôt et placement du Québec, Crédit Suisse, Goldman Sachs... Cette année, ils sont 385 dans le monde à avoir appuyé le projet. Un groupe qui, ensemble, gère la rondelette somme de 57 mille milliards de dollars d'actifs.

«La divulgation est volontaire, précise Johanne Gélinas, associée, responsable d'entreprise et du développement durable, chez Deloitte&Touche, le commanditaire principal du rapport canadien. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon une pression par les pairs.»

Pression, d'abord, parce que si le concurrent participe, refuser peut paraître suspect. Mais la pression vient aussi des investisseurs. Parce qu'ils n'ont pas lancé le projet pour rien. Pour eux, les changements climatiques font partie des risques auxquels doivent faire face les entreprises. Avant d'investir dans l'une d'elles, ils veulent savoir si elle prend la question au sérieux.

«Ça permet d'évaluer notre risque financier, dit Maxime Chagnon, directeur des relations avec les médias à la Caisse de dépôt et placement du Québec. C'est l'un des critères que l'on considère quand on fait notre évaluation de risque.»

Ces risques peuvent venir de tous les côtés. Ils peuvent être physiques -une augmentation des phénomènes climatiques extrêmes qui menace une entreprise- ou réglementaires -de nouvelles lois sur les émissions qui viennent modifier la production d'une multinationale, par exemple.

Le Conférence Board du Canada, responsable de la portion canadienne de l'étude, est encouragé. En 2005, le taux de réponse des 200 plus grandes entreprises cotées en Bourse au pays était de 28%. Cette année, il atteint 55%.

«Non seulement on répond plus, mais les réponses sont plus détaillées et meilleures, dit Gilles Rhéaume, vice-président, politiques publiques. On voit que les grandes entreprises ont un intérêt grandissant pour le sujet. Elles regardent beaucoup plus en détail ce qu'elles doivent faire et commencent à prendre des actions.»

Reste que 7 des 28 entreprises sondées au Québec ont refusé de répondre au questionnaire. Il s'agit d'Astral Media, Saputo, Power Corporation, Quebecor, Jean Coutu, Reitmans et Transforce. Le rapport ne juge pas leur bilan environnemental, mais leur volonté de fournir des informations à ce sujet. Certaines de ces entreprises produisent très peu de gaz à effet de serre de façon directe.

Autre bémol: la moitié des entreprises québécoises ont accepté de répondre au sondage, mais en demandant que les réponses soient confidentielles. Un taux plus élevé qu'ailleurs au Canada (33% des répondants ont demandé la confidentialité) et que dans l'ensemble du monde (où moins de 20% des répondants ont fait cette demande).

Pourquoi? Difficile à dire, dit Johanne Gélinas, de Deloitte, qui souligne toutefois que «rendre publique une information à l'effet qu'une entreprise ne veut pas divulguer d'information, c'est en soi de l'information».

Parmi les bons élèves qui ont impressionné par la qualité de leurs réponses, le Carbon Disclosure Project souligne les entreprises qui appartiennent à des secteurs à fortes émissions de gaz à effet de serre que sont Gaz Métro, AbitibiBowater et Bombardier, ainsi que celles qui font partie d'un secteur à faibles émissions comme la Banque Royale, Alimentation Couche-Tard et BCE.