Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, André Chabot, fondateur de la firme Triasima. La planète ralentit... et le Canada?

Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, André Chabot, fondateur de la firme Triasima. La planète ralentit... et le Canada?

Q: Qu'est-ce qui a retenu votre attention cette semaine en Bourse?

On s'attendait depuis un certain temps à voir une détérioration des économies à l'extérieur de l'Amérique du Nord. Et on commence à avoir des signes de plus en plus clairs de ralentissement dans le reste du monde.

Cette semaine, on a eu des nouvelles de la Chine, où la production industrielle est en baisse. L'Angleterre a confirmé qu'elle était en récession. Aussi, les frais de transport par bateau ont chuté énormément, ce qui indique que le trafic international de marchandise a diminué.

D'autre part, on sent que la crise financière aux États-Unis commence à se résorber. Le marché du papier commercial fonctionne un petit peu mieux. Il y a des émetteurs qui reviennent. Il y a plus de liquidité. C'était totalement gelé et ça se remet à fonctionner.

Q: Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

On cherche à voir si le marché des actions va se stabiliser autour des niveaux actuels ou s'il va glisser encore plus bas. Depuis le creux du vendredi 10 octobre et le rebond du lundi suivant, l'indice S&P 500 de Bourse américaine oscille dans une fourchette de 850 à 1000 points.

Plus on accumule de journées à l'intérieur de cette zone-là, plus on a une confirmation que la Bourse a cessé de baisser à court terme. À date, ça tient. Si on remonte en haut de 1000, ce sera un rebond dans un marché baissier de long terme.

Si on glisse plus bas, on pourrait avoir un scénario à la 1974: la Bourse pourrait baisser de 10% de plus. On pense que 800 points établiraient le plancher ultime, auquel cas le marché serait offert à rabais. Déjà, il est en bas du point d'équilibre.

Q: Qu'est-ce qui risque de surprendre le plus les marchés, d'ici six mois?

On croit que les données macroéconomiques au Canada vont devenir pas mal plus mauvaises que ce qui est prévu. Le consensus dit qu'on va s'en tirer relativement bien. Mais on pense qu'il y a plus que 50% de probabilités que l'économie canadienne traverse une période difficile, avec peu ou pas de croissance.

Q: Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Sur un horizon de trois ans, un titre dans une industrie stable, avec un dividende élevé, ça devient extrêmement attrayant.

Les banques canadiennes sont l'exemple classique de titres qui ne sont pas chers (ex: Banque Royale). Les banques américaines qui vont survivre (Wells Fargo, US Bancorp) sont intéressantes aussi.

Du côté des fiducies de revenus, au Québec on a Cominar, qui très bien gérée et dont le titre est déprimé. À contre-courant, il y Freehold Royalty, dans le domaine du pétrole.

On aime aussi George Weston: ils fabriquent du pain, on ne peut pas trouver plus stable que ça! Et le dividende est de 2,5%. Un peu plus agressif: il y a Rogers Communications dont le dividende est rendu à 3%. Et Manitoba Telecom verse un dividende de 6,25%. Son titre a été extrêmement stable depuis six mois. Vous êtes bien mieux avec ça qu'avec une obligation!

Q: Quel placement évitez-vous à tout prix?

Il faut éviter toutes les entreprises qui ont besoin de financement pour alimenter leur croissance, parce que ça va être très difficile de l'obtenir.

Ce sont beaucoup les petites entreprises qui sont visées. Par exemple: MagIndustries, une société dans le domaine des fertilisants. Elle a un gros projet au Congo qui a du potentiel. Mais elle besoin de beaucoup d'argent pour aller de l'avant. Elle est coincée parce que son ratio dette/avoir des actionnaires est déjà élevé. Elle voudrait émettre des actions, mais c'est impossible car son titre est trop déprimé.

André Chabot

Gestionnaire de portefeuille depuis plus de 20 ans, André Chabot a fondé Triasima en 2000. La firme montréalaise gère des actifs de 400 millions de dollars pour une centaine de clients institutionnels, tant dans le domaine des actions canadiennes et internationales que des obligations.