Le jeune garçon est en rupture avec sa famille. Il vit dans un foyer de groupe du centre jeunesse de Montréal depuis deux ans. L'an dernier, il a découvert le football. Une nouvelle passion qui lui a redonné le goût de vivre.

Le jeune garçon est en rupture avec sa famille. Il vit dans un foyer de groupe du centre jeunesse de Montréal depuis deux ans. L'an dernier, il a découvert le football. Une nouvelle passion qui lui a redonné le goût de vivre.

L'an dernier, la fondation du Centre jeunesse de Montréal a payé son inscription à des cours de football. Quatre cents dollars pour un an. Cette année, malheureusement, ce jeune devra peut-être se passer de ses entraînements. La crise économique a eu raison du dîner-bénéfice annuel du CJM: 60 000$ en moins dans les coffres de l'organisme.

«La vente de billets pour cette activité a toujours été très facile, explique Josée Bissonnette, porte-parole de la fondation. Mais cette année, on a eu beaucoup de difficulté. Les gens sont inquiets. Il y avait une certaine retenue à dépenser pour un poste budgétaire comme celui-là.»

Bon an, mal an, la fondation a toujours amassé plusieurs dizaines de milliers de dollars lors de ces activités. Cette année, l'objectif était d'amasser 60 000$. Les trois quarts de ces fonds sont redistribués aux jeunes qui se retrouvent dans toutes les ressources du centre jeunesse de Montréal. Foyers de groupes, centres d'hébergement, familles d'accueil.

L'argent de la fondation, c'est 300$ pour payer un lit à un enfant qui dort sur le sofa dans le tout petit logement de sa mère, ou encore 350$ pour payer un vélo adapté à une fillette de 6 ans qui souffre d'hydrocéphalie. "Ce ne sont pas de grosses demandes, mais elles sont nombreuses. Et elles couvrent des besoins qui seraient jugés essentiels dans n'importe quelle famille un peu aisée", souligne Mme Bissonnette.

Projets en péril à Centraide?

À Centraide, la campagne annuelle de financement bat son plein. Jusqu'à maintenant, les choses se déroulent plutôt bien. Mais 60% des fonds proviennent des campagnes en milieu de travail, dont on ne recevra les résultats qu'au début du mois de décembre.

«Ma boule de cristal me dit que, dans certains milieux de travail le courtage et les banques, par exemple , les employés vont sans doute être plus anxieux», dit Michèle DeGuire, directrice générale de centraide.

Centraide voudrait recueillir plus d'argent que l'an dernier. Crise économique oblige, il est bien possible qu'on n'atteigne pas ce nouvel objectif, admet Mme DeGuire. «On voudrait 350 000$ de plus que l'an dernier pour financer, en particulier, des projets de lutte contre le décrochage. Si cet argent ne rentrait pas, il y a de beaux projets qu'on ne pourrait pas financer», explique-t-elle.

Comme le projet Passeport pour ma réussite, qui a commencé cette année à Verdun, sous l'égide de l'organisme Toujours ensemble. Ce type de projet a donné des résultats stupéfiants dans certains quartiers défavorisés en Ontario, où le taux de décrochage est passé de 56% à 10% en quelques années. Mais le projet, qui s'appuie sur le travail de plusieurs bénévoles, sur le financement de matériel scolaire et sur des bourses pour financer des études postsecondaires, coûte cher. «Autour de 3500$ par élève par année», précise Pierre Côté, de Toujours ensemble.

Centraide voudrait implanter ce programme à Montréal-Nord et à Saint-Michel, où le décrochage est un problème endémique chez les jeunes. La crise économique aura-t-elle raison de ces beaux projets?