Francine Ruest Jutras: Je pense que, dans l'ensemble, on s'en tire assez bien. C'est sûr qu'on sent qu'il y a des entreprises qui sont plus fragiles que d'autres. Il y en a par ailleurs qui connaissent une croissance qui mérite d'être signalée. La diversification, même si on est dans une période de turbulences, fait qu'on devrait s'en sortir assez bien.

Mairesse de Drummondville depuis 1987, Francine Ruest Jutras incarne cette relation étroite entre élus locaux et monde des affaires. Elle est de celles qui croient que sa ville doit prendre des risques, calculés, pour attirer des entreprises. Voici le condensé d'un entretien réalisé cette semaine.

Comment se porte l'économie à Drummondville?

Francine Ruest Jutras: Je pense que, dans l'ensemble, on s'en tire assez bien. C'est sûr qu'on sent qu'il y a des entreprises qui sont plus fragiles que d'autres. Il y en a par ailleurs qui connaissent une croissance qui mérite d'être signalée. La diversification, même si on est dans une période de turbulences, fait qu'on devrait s'en sortir assez bien.

Dans les secteurs de la construction, du marché immobilier, quand on regarde les données qui nous arrivent, c'est encore très vigoureux.

Quels secteurs sont les plus fragiles?

C'est bigarré. Ce n'est pas dans un créneau particulier. C'est la première fois (depuis mon élection, en 1987) qu'on entend dire qu'on traverse une période de grandes turbulences. Alors on ne peut pas faire autrement que de se dire qu'on ne traversera pas cette période sans qu'il y ait de dommages chez nous. On sent qu'on entre dans un période difficile, que ça risque d'être un jeu de dominos.

La ville fait-elle des choses pour s'y préparer?

On a des tables sectorielles qui se réunissent sur une base assez régulière. Ça nous permet de voir venir un peu.

On pense aussi à agrandir notre incubateur industriel. Ça peut sembler étonnant, mais on se dit que, vu qu'on est dans un milieu entrepreneurial, s'il y a des gens qui perdent leur emploi, ils peuvent être tentés de démarrer leur propre entreprise, auquel cas notre rôle c'est de les appuyer dans le démarrage. On se prépare aussi à ouvrir une zone industrielle sur l'autoroute 55. On a déjà une entreprise allemande qui s'en va là.

Vous avez aussi construit une "usine-relais" pour une entreprise française, Laboratoire Provence Canada. N'est-ce pas un PPP à l'envers, où la ville prend le risque au profit du privé?

C'est une façon de faire qui est fréquente en France. Or, on faisait affaire avec un Français. On savait que d'autres municipalités voulaient l'accueillir. On s'est donc demandé ce qui pouvait faire la différence. Ça permettait à l'entrepreneur d'investir dans la fabrication de son produit, dans la commercialisation, la R&D. On n'aurait pas fait ça pour une entreprise d'armoires de cuisine. Mais ils étaient dans un créneau où on n'était pas. Donc, on a dit: oui, en avant toute. Il faut oser, nous aussi.