Un mois à oublier. La Bourse de Toronto a connu le déclin mensuel le plus important depuis 1998 avec un recul de 16,9% en octobre. Comme aucun secteur n'a été épargné, même les investisseurs les plus prudents vont trouver pénible la lecture de leur prochain relevé.

Un mois à oublier. La Bourse de Toronto a connu le déclin mensuel le plus important depuis 1998 avec un recul de 16,9% en octobre. Comme aucun secteur n'a été épargné, même les investisseurs les plus prudents vont trouver pénible la lecture de leur prochain relevé.

L'analyste Michel Tessier a connu le krach de 1987. Aujourd'hui, il troquerait bien cette journée folle d'il y a 22 ans contre le climat actuel. «Aujourd'hui, beaucoup de banques majeures ont des difficultés. On n'avait pas cette peur-là en 1987», raconte l'analyste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Tant que cette question de la force du système bancaire ne sera pas réglée, selon lui, les marchés vont rester déprimés. «Si les activités de prêt s'améliorent, la confiance des consommateurs va augmenter et ce sera la début d'une reprise», dit-il.

Mais on n'est pas encore là. En ce lendemain d'Halloween, les consommateurs comme les investisseurs ont toujours peur. À preuve, les milliards qu'ils continuent à retirer de leurs fonds communs.

Sous-indices touchés

Ces retraits en octobre se sont faits dans un marché clairement baissier. Les sous-indices des matériaux et de l'énergie (-30% et -18% respectivement) ont été les plus touchés à Toronto. Il faut dire que le baril de pétrole a lui-même fait toute une culbute. Il a perdu 35% de sa valeur depuis la fin septembre.

Les financières, celles dont on nous vante tant les dividendes si précieux en période de débâcle, ont perdu tout près de 17% pendant le mois. Depuis le début de l'année, elles sont en recul de 26%, contre 29% pour le S&P/TSX.

L'effondrement des matières premières -qui ont connu leur pire performance en 52 ans en raison du ralentissement mondial- a tiré vers le bas le dollar canadien en octobre. Le huard a aussi été victime d'un yen et d'un dollar américains devenus valeurs refuges auprès d'investisseurs nerveux ou obligés de couvrir des positions dans les deux premières puissances économiques. Résultat: ces deux économies ont beau vaciller, leurs devises ont caracolé... et le dollar canadien a connu son pire mois depuis au moins 1950, selon des données de Bloomberg et de la Banque du Canada.

«Du sommet de juillet au creux des derniers jours, on a perdu environ 43% en quatre mois, résume Luc Fournier, de l'Industrielle Alliance, en parlant de la Bourse canadienne. Quatre mois pour effacer des performances qu'ont avait mis trois ans et demi à bâtir.»

Et à New York? L'histoire se ressemble. En octobre, le Dow Jones s'en est un peu mieux tiré que Toronto, avec un recul de 14,1%, mais le S&P 500 conclut lui aussi le mois avec une perte de 16,9%. Quant au NASDAQ, la perte est de 17,7%.

Et maintenant?

En fait, on pourrait passer en revue tous les pays et on aurait partout des histoires de Bourses écrites à l'encre rouge.

Hier, quand La Presse Affaires a demandé à Michel Tessier si novembre serait meilleur qu'octobre, il s'est mis à rire. Luc Fournier, lui, a eu cette réponse: «Je l'espère, mais je ne sais pas.»

Ça ne l'empêche pas d'avoir quelques repères, des indices qui, lorsqu'ils apparaîtront, lui permettront de dire que le marché se replace. D'abord, note-t-il, les particuliers se sont retirés du marché. Or, selon lui, ils sont habituellement les derniers à rentrer quand le marché reprend et les derniers à sortir quand il va mal.

Ensuite, il y a la volatilité extrême sur les marchés. «C'est souvent un signe qu'on arrive au haut ou au bas du marché.» Et comme on n'est assurément pas au haut...

Michel Tessier est d'accord, en partie du moins. «Habituellement, ça indique un changement de tendance.» Sauf que cette fois-ci, il l'associe plus à la peur qu'à autre chose.

L'autre indicateur, M. Fournier est à même de le constater tous les jours. Son portefeuille, comme ceux de ses collègues dans d'autres institutions, est «débalancé». Autrement dit, la valeur de sa portion en actions a fondu, ce qui fait qu'il devrait en racheter. Sauf que, pour acheter des actions, quelqu'un à l'Industrielle Alliance doit être en mesure de vendre des obligations pour lui fournir du comptant. «On y va au fur et à mesure que nos gens d'obligations sont capables de nous donner du cash», explique-t-il.

À quand le dégel?

Ce dégel des obligations, «ça commence», dit-il, signe que des liquidités reviennent dans le marché. Une observation notée aussi par Owen Fitzpatrick, de la Deutsche Bank, en entretien à l'AFP: «Le système financier commence à mieux fonctionner et cela aide vraiment le marché aujourd'hui (hier).»

Les indices new-yorkais ont d'ailleurs enregistré des gains oscillant entre 1,3% et 1,6% pour le Dow Jones, le S&P 500 et le NASDAQ. Pour le Dow, c'était la première fois depuis les 25 et 26 septembre qu'il réussissait à aligner deux séances de suite à la hausse. À Toronto, ce fut plus difficile. La séance s'est terminée avec un dernier recul, celui-ci de 93,45 points, à 9762,76.

Vivement le mois des morts.