La crise des «subprimes» continue à faire de nombreuses victimes aux États-Unis: on estime que chaque jour entre juillet et septembre 2700 Américains en moyenne, contre 1200 il y a un an, ont vu leur logement saisi, faute de ne pouvoir faire face aux mensualités de leur crédit hypothécaire à taux variable.

La crise des «subprimes» continue à faire de nombreuses victimes aux États-Unis: on estime que chaque jour entre juillet et septembre 2700 Américains en moyenne, contre 1200 il y a un an, ont vu leur logement saisi, faute de ne pouvoir faire face aux mensualités de leur crédit hypothécaire à taux variable.

Ce chiffre montre que les mesures prises au niveau de l'industrie du crédit et du gouvernement n'ont pas beaucoup aidé les propriétaires étranglés par les subprimes. Le problème est bien plus grave que beaucoup d'experts ne l'avaient prédit il y a un an.

Plus de quatre millions de propriétaires avaient au moins un mois de retard dans le remboursement de leur crédit fin juin, selon des données de la Mortgage Bankers Association, et un nombre record de 500 000 étaient visés par une procédure de saisie.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi la crise des subprimes est si difficile à résoudre:

- la chute des prix de l'immobilier:

Une bulle spéculative a gonflé les prix des logements, conduisant des millions d'Américains à voir leur domicile comme un investissement plutôt que comme un lieu de vie. Aujourd'hui, les prix dégringolent, surtout sur des marchés auparavant en vogue comme la Californie, la Floride et le Nevada. Et la chute pourrait se poursuivre encore un an.

Le prix moyen des logements aux États-Unis a baissé en rythme annuel de 9% au mois de septembre à 191 600 $, s'affichant en recul de 17% par rapport à son apogée, atteint en juillet 2006, selon l'Association nationale des agents immobiliers.

Déjà 23% des propriétaires ayant souscrit un prêt immobilier doivent rembourser davantage que la valeur de leur logement, et ce chiffre devrait passer à 28% dans un an, selon Moody's Economy.com.

Si la majorité va continuer à rembourser leur prêt en espérant que le prix de leur bien se redresse, d'autres jetteront l'éponge, conduisant leur organisme de crédit à saisir leur logement.

- la spéculation des investisseurs:

La chute des prix a eu encore plus d'impact sur les personnes qui achètent pour investir. Moins attachées affectivement à un bien où elles ne vivent pas, elles sont plus susceptibles de cesser d'honorer leur crédit.

Ces investisseurs étaient les acquéreurs d'un logement sur cinq l'an dernier, et de presque un sur trois lorsque le marché a connu son point culminant en 2005, selon le syndicat des agents immobiliers.

Aujourd'hui, plus de 30% des logements concernés par une procédure de saisie sont détenus par des personnes habitant à une autre adresse, signe que ces biens appartiennent probablement à des investisseurs, selon la société RealtyTrac.

- Des investissements complexes:

À partir de la fin des années 80, Wall Street a trouvé des moyens de transformer les crédits immobiliers en titres à vendre aux investisseurs, qui ont été attirés par le rendement de ces nouveaux produits financiers.

Au début de la décennie, les investisseurs ont afflué sur le marché du crédit. Les crédits hypothécaires à risques et à taux d'intérêt élevé -les «subprimes"- se sont développés pour atteindre le montant de 600 G$ en 2005 et 2006 au lieu de 160 G$ en 2001, selon «Inside Mortgage Finance», une publication spécialisée.

Dans ce système, les prêteurs ont cessé de se préoccuper de la solvabilité des emprunteurs, leur proposant des crédits toujours plus risqués. Et il apparaît difficile d'aider les emprunteurs en difficulté avec ce type de prêt transformé en produit financier.

Les mensualités de leur crédit sont en effet réparties entre des milliers d'investisseurs dans le monde, souvent réticents à accepter une modification substantielle des conditions de prêts.

- Les pertes d'emplois:

La raison No1 qui explique pourquoi les emprunteurs se retrouvent en difficulté pour payer leur crédit est la perte d'un emploi ou d'une source de revenus, par exemple consécutive à un divorce ou au décès du conjoint. Il y a deux ans, 36% des arriérés de remboursement étaient liés à une perte de revenus ou au chômage, mais ce chiffre a grimpé à 45% cette année sur fond de hausse du taux de chômage aux États-Unis.

- Une aide insuffisante aux emprunteurs:

Environ un tiers des prêts subprimes dont les conditions ont été modifiées au troisième trimestre 2007 enregistraient à nouveau des retards de paiement dans les dix mois suivants, selon un rapport du Crédit Suisse.

Le cas de Maria Martinez, 57 ans, employée administrative à la prison de Stockton (Californie), est typique de ces propriétaires à qui on a tendu la main, mais pas suffisamment: elle a trois mois de retard dans le remboursement de son emprunt malgré un assouplissement de ses conditions de crédit en début d'année.

Elle a acheté sa maison il y a plus de dix ans pour 76 000 $, mais doit rembourser aujourd'hui 230 000 $ parce qu'elle a refinancé son crédit plusieurs fois.

Jusqu'à cet été, le taux d'intérêt de son crédit s'élevait à 8,5%. Dans le cadre de la modification de son prêt, il a été réduit à 7,75%. Si elle avait pu bénéficier d'un rabais plus généreux, elle serait sans doute aujourd'hui dans une meilleure situation financière.