Cette semaine, Jacques Lamarre, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, a rencontré l'équipe de La Presse Affaires. L'avenir de la province, les compagnies canadiennes rachetées par des intérêts étrangers ou encore les partenariats privé-public: il a répondu à nos questions sur des dossiers chauds qui touchent directement ou indirectement le Québec.

Cette semaine, Jacques Lamarre, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, a rencontré l'équipe de La Presse Affaires. L'avenir de la province, les compagnies canadiennes rachetées par des intérêts étrangers ou encore les partenariats privé-public: il a répondu à nos questions sur des dossiers chauds qui touchent directement ou indirectement le Québec.

Q Comment voyez-vous l'avenir du Québec et celui de Montréal?

R Je ne suis pas inquiet pour Montréal. Je ne suis pas inquiet pour la province du Québec. Je pense qu'il y a des actifs tellement considérables ici que ça va toujours survivre. Juste nos réservoirs hydroélectriques, capables d'accumuler l'énergie, c'est un actif qui dépasse l'entendement. On est tellement riche, mais c'est certain que si on faisait une meilleure utilisation de tout ça, ce serait encore mieux. Mais moi je ne suis pas inquiet.

Q Beaucoup d'entreprises canadiennes et québécoises ont récemment été achetées par des intérêts étrangers. Est-ce que ça vous inquiète?

R C'est triste et c'est dommage. Montréal était le siège de sièges sociaux de plusieurs grandes sociétés et ces sociétés ne sont plus que des ombres d'elles-mêmes.

Nous, on s'ajuste, on a de grosses opérations en Australie, d grosses opérations en Afrique du Sud. On est 25 000 permanents, dont 10 000 à 12 000 à Montréal et on serait plus nombreux (sans les pertes de sièges sociaux). Et on perd tout l'avantage corporatif de ces sièges sociaux-là. C'est sûr que c'est une perte considérable.

Q Vous n'êtes pas un chaud partisan des partenariats public-privé. Pourquoi?

R À court terme, c'est bon pour les gouvernements. Mais à long terme, je ne suis pas sûr. Ça ne développe pas la structure industrielle. La meilleure façon pour un gouvernement de développer son économie, c'est par sa politique d'achat et d'approvisionnement. Pourquoi ne pas favoriser ses entreprises, tous les pays du monde le font. Nous on ne le fait pas parce qu'on est trop puriste, mais il faut être réaliste.

Q L'industrie des sables bitumineux, qui est une source importante de revenus pour vous, suscite énormément de préoccupations sur le plan de l'environnement. Y êtes-vous sensible?

R Les sables bitumineux sont une richesse extraordinaire pour le pays. Il faut continuer leur exploitation à fond de train. Mais il faut trouver des règles pour l'environnement. Il suffit de leur donner (à l'industrie) une norme de CO2 à respecter par baril produit et les gens vont s'ajuster. Le gouvernement est là pour donner les règles et il doit le faire de façon intelligente, pas en cowboy comme ce qui a été fait à Kyoto, par des gens qui ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient.

Q Entre une bourse du carbone et une taxe pour les émetteurs de CO2, qu'est-ce que vous choisissez?

R Ce qui me fatigue avec une Bourse, c'est que ce papier-là, comme les PCAA, on ne sait pas ce qui est derrière ça et ça peut amener une série de fraudes. Moi j'aimerais beaucoup mieux des certificats émis par le gouvernement sur lesquels il y a un montant établi et c'est le gouvernement qui retire l'argent. C'est clair et facile à comprendre. La bourse, ça me fatigue vous n'avez pas d'idée, parce que j'ai peur que ça devienne de la spéculation, j'ai peur que ça devienne d'autres PCAA.

Q Un de vos prochains projets sera le toit du Stade olympique. Pourquoi vous lancez-vous là-dedans?

R Parce qu'on est les seuls à pouvoir designer le projet. Les seuls qui sont prêts à prendre le risque, c'est nous autres. Donc, on pense avoir le contrat. Ça vaut la peine de le faire. Le Stade, c'est le seul bijou qu'on a à Montréal. Pour les gens qui viennent à Montréal, c'est la seule chose qui a trois étoiles dans le guide Michelin. C'est un beau design, quand on passe en avion au-dessus, c'est beau.