Les travaux de réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 pourraient finalement coûter plus de 2 G$ à Hydro-Québec.

Les travaux de réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 pourraient finalement coûter plus de 2 G$ à Hydro-Québec.

«C'est un minimum», a soutenu hier au Soleil le porte-parole du mouvement Greenpeace, Shawn-Patrick Stencil.

Pour l'heure, Hydro-Québec estime que les coûts de réfection de la centrale nucléaire de 675 mégawatts (MW) devraient tourner autour de 1,5 G$. En 2002, Hydro-Québec avait pourtant estimé les coûts à 845 M$.

Or, selon Greenpeace, la société d'État aurait sous-estimé jusqu'à maintenant les améliorations à apporter à Gentilly-2 pour satisfaire les nouvelles normes internationales en matière de sécurité nucléaire.

Récemment, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a mis à jour ses normes pour exploiter une centrale nucléaire au pays. Les anciennes règles dataient des années 1980.

Hydro-Québec n'a d'ailleurs toujours pas commencé le processus d'évaluation intégrée de la sûreté exigé par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) pour l'octroi du permis de réfection. «Cette évaluation exige une comparaison de Gentilly-2 aux centrales modernes et des mesures correctives à apporter pour en prolonger sa vie utile», a fait valoir M. Stencil.

Greenpeace déplore que les membres du conseil d'administration d'Hydro-Québec, qui doivent se réunir ces jours-ci pour décider du sort de Gentilly-2, n'aient toujours pas entre les mains toutes les données pour prendre une décision éclairée.

«Partout sur la planète, les coûts de réfection des réacteurs nucléaires sont à la hausse. Les prix des matériaux et de la main-d'oeuvre ont explosé. Je ne crois pas que la situation au Québec soit bien différente», a ajouté le porte-parole de Greenpeace.

Dans une lettre envoyée au premier ministre Jean Charest, une coalition regroupant une cinquantaine de groupes environnementaux du Québec, dont Greenpeace et la fondation David-Suzuki, affirme qu'Hydro-Québec n'a pas bien calculé les risques de dépassement de coûts associés aux nouvelles normes ainsi qu'aux délais plus longs que prévu pour les travaux de réfection de Gentilly-2.

Motus et bouche cousue

Chez Hydro-Québec, on confirme qu'une décision sera bientôt prise quant à l'avenir de Gentilly-2. «Les membres du conseil d'administration doivent se pencher prochainement sur la question», a fait savoir hier Marc-Brian Chamberland.

Hydro-Québec dit surtout suivre avec intérêt les travaux de remise à neuf en cours à la centrale de Pointe-Lepreau, au Nouveau-Brunswick. Cette centrale de 635 MW se veut identique à celle de Gentilly-2.

Une équipe de six travailleurs d'Hydro-Québec est d'ailleurs sur place, à Pointe Lepreau, pour observer l'évolution de la réfection.

Les travaux menés au Nouveau-Brunswick par Énergie atomique du Canada (EACL) devraient coûter 1,5 G$ aux contribuables, soit plus du double du devis initial. Ce qui devrait permettre de prolonger la durée de vie de la centrale de 25 ans.

Fredericton s'est notamment protégé en signant une entente avec EACL, qui refilera à cette société d'État fédérale et au gouvernement fédéral la responsabilité de couvrir les excédents de coûts.

Hydro-Québec soutient toutefois ne pas avoir négocié de conditions similaires avec EACL.

Déjà en retard

Au Nouveau-Brunswick, des documents obtenus par Greenpeace démontrent d'ailleurs que les travaux de réfection de la centrale Pointe-Lepreau accusent déjà un retard après seulement quatre mois.

Signe que tout ne tourne pas rond à Pointe Lepreau, EACL a procédé récemment au changement de son chef de projet associé à cette réfection.

Quoi qu'il en soit, cette progression des coûts ne devrait pas surprendre les membres du C.A. d'Hydro-Québec. Une étude commandée par la société d'État il y a quelques années à la firme américaine Hagler Bailly Consultings, dont Le Soleil a obtenu copie, faisait alors état de coûts qui pourraient atteindre les 2,3 G$ dans le cas de la réfection de Gentilly-2.

Rappelons que dans ses scénarios les plus à jour, Hydro-Québec prévoit commencer la remise à neuf de Gentilly-2 en mars 2011. Les travaux devraient s'étirer sur 18 mois. La centrale nucléaire devrait être de nouveau en service en octobre 2012.