Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke a répété mercredi que l'activité restera faible aux États-Unis et qu'il est prêt à baisser ses taux en dépit des risques croissants sur le front de l'inflation.

Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke a répété mercredi que l'activité restera faible aux États-Unis et qu'il est prêt à baisser ses taux en dépit des risques croissants sur le front de l'inflation.

«Les dernières informations que nous avons reçues depuis notre réunion de janvier continuent de suggérer que l'activité restera faible à court terme», a assuré M. Bernanke lors d'un discours devant le Congrès.

La Fed avait abaissé d'un demi-point ses prévisions de croissance lors de cette réunion, pour les ramener dans une fourchette de 1,3% à 2% cette année.

«Des risques de détérioration des perspectives économiques demeurent», a ajouté M. Bernanke, qui a répété que la banque centrale «agira en temps voulu, et si besoin est, pour contrer ces risques».

Cette formule est généralement interprétée par les marchés comme une promesse de baisse du taux directeur, qui est aujourd'hui fixé à 3%, lors de la prochaine réunion de la Fed, le 18 mars.

Le président de la Fed a toutefois commencé à s'inquiéter des velléités d'accélération de l'inflation.

«Il existe aussi des risques de voir l'inflation augmenter, notamment si les prix de l'énergie et de l'alimentation ne faiblissent pas ou si les entreprises répercutent plus que prévu sur leurs clients la hausse des prix des matières premières ou la faiblesse du dollar», a-t-il estimé.

«La poursuite de la hausse des prix de l'énergie et d'autres matières premières observée ces dernières semaines, associée aux derniers chiffres sur les prix à la consommation, laissent penser qu'on pourrait être un peu au dessus de nos prévisions du mois dernier pour l'inflation», a-t-il ajouté, alors que le prix du baril a renoué ces derniers jours avec des niveaux record.

La Fed a relevé à la fin de janvier ses prévisions d'inflation dans une fourchette de 2,1% à 2,4% pour l'inflation cette année et de 2% à 2,2% pour l'inflation de base (hors alimentation et énergie).

Cette conjonction d'une croissance faible et d'une menace inflationniste ravive le spectre de la «stagflation» et elle pose un sérieux dilemme à la banque centrale. Les deux dangers appellent en théorie des remèdes contradictoires: baisser les taux pour soutenir l'activité, et les relever pour enrayer l'inflation.

De plus, «si l'inflation se maintient à un niveau élevé, alors il existe un risque que les attentes d'inflation commencent à monter», a noté M. Bernanke, qui a averti qu'un tel dérapage «pourrait fortement compliquer la tâche» de la banque centrale.

Pour le moment, la Fed semble avoir fait le choix de la croissance, comme en témoigne la promesse voilée d'une baisse des taux.

M. Bernanke a en effet énuméré une série de risques pour la conjoncture américaine, qui comprennent «la possibilité que le marché de l'immobilier résidentiel ou le marché du travail se détériorent plus que prévu, ou que les conditions du crédit continuent de se resserrer fortement».

«Une grande partie des défis qu'affronte notre économie vient de la contraction du marché immobilier» et cela devrait «continuer de peser sur l'activité dans les trimestres à venir», a averti M. Bernanke.

Mardi, deux indices ont fait état d'une baisse des prix de vente des logements aux États-Unis en 2007.

Les ramifications de la crise de l'immobilier, longtemps contenues, commencent à se faire sentir dans le reste de l'économie, avec un ralentissement de la consommation et un investissement «sans doute faible» au premier semestre 2008 du côté des entreprises, a ajouté M. Bernanke.