Rétrospectivement, il est facile de dire que tout a commencé avec la bulle immobilière aux États-Unis. Pourtant, elle a éclaté début 2007 et, jusqu'au déclenchement de la crise des liquidités, les autorités monétaires combattaient toutes l'inflation.

Rétrospectivement, il est facile de dire que tout a commencé avec la bulle immobilière aux États-Unis. Pourtant, elle a éclaté début 2007 et, jusqu'au déclenchement de la crise des liquidités, les autorités monétaires combattaient toutes l'inflation.

«La dernière bulle spéculative était pleine d'innovations financières, rappelle Jean-Pierre Aubry, président du Comité de politiques publiques de l'Association des économistes québécois (ASDEQ). L'emballement aura réduit la qualité d'analyse des banquiers centraux et des gouvernements.»

M. Aubry pense en particulier à la sous-estimation des effets des sommes considérables mobilisées dans l'immobilier résidentiel qui ont créé la bulle. En outre, la titrisation a permis le déplacement de capitaux énormes, ce qui a mondialisé la récession.

«Les banquiers centraux n'ont pas saisi l'interrelation des produits dérivés et l'effet domino du levier», poursuit M. Dupuis.

Dans un discours prononcé le 17 décembre à Toronto, le gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney a reconnu que les banquiers centraux, les autorités politiques et réglementaires n'ont pas vu que les banques privées géraient inadéquatement les risques et détenaient insuffisamment de capitaux.

C'est maintenant chose faite. Les banquiers centraux s'attaquent à réparer les pots cassés avant de mettre en place un nouveau cadre réglementaire pour empêcher la répétition du choc actuel.

M. Carney veut avant tout éviter les effets néfastes de ce que l'économiste John Maynard Keynes appelait le paradoxe de l'épargne. En gros, s'il est souhaitable pour un individu d'économiser en période d'incertitude, la généralisation de ce comportement n'a pas de sens. Les craintes d'une récession alimentent une récession. Les banques qui se créent des réserves de capitaux en prévision de pertes accrues «exacerberont le ralentissement et accroîtront leurs pertes éventuelles», résume M. Carney.

Briser cette dynamique représente le grand défi immédiat des banquiers centraux.

Ils multiplient les initiatives pour inciter les banques à prêter. Notre banque centrale a sabré de 75 centièmes son taux directeur au début du mois.

Un taux entre 0 et 0,25%

La Fed a même été jusqu'à s'engager à maintenir un bon bout de temps le sien dans la fourchette de 0 à 0,25% afin de réduire les taux obligataires à long terme. Comme les taux hypothécaires évoluent en relation avec eux, elle espère les faire baisser afin d'augmenter l'accès à la propriété. Cela réduirait le nombre de saisies, permettrait aux prix des maisons de trouver leur plancher. La spirale déflationniste serait enfin brisée.

À n'en pas douter, la Fed et les autres banques centrales feront encore preuve d'imagination si nécessaire.

«C'est une partie très serrée dont nous apprenons encore les règles», conclut M. Lascelles.