André Laramée ne sait plus qui croire. Comme tout le monde, le président du groupe CVTech, de Drummondville, a vu le prix du pétrole atteindre un record de tous les temps en juillet avant de se dégonfler récemment jusqu'au niveau de 2004.

André Laramée ne sait plus qui croire. Comme tout le monde, le président du groupe CVTech, de Drummondville, a vu le prix du pétrole atteindre un record de tous les temps en juillet avant de se dégonfler récemment jusqu'au niveau de 2004.

Et les explications des experts pour justifier ces variations l'ont laissé sur sa faim. «On s'est fait donner toutes sortes de raisons pour se faire dire à la fin que c'était de la spéculation», déplore le patron de l'entreprise de Drummondville, qui travaille dans deux secteurs d'activités, l'industrie de l'électricité et les transmissions pour véhicules.

Pour cet entrepreneur, pour l'automobiliste, et pour à peu près tous les consommateurs, suivre l'évolution du prix du pétrole en 2008 aura été éprouvant.

L'année a commencé en lion, quand le brut qui a franchi le seuil psychologique des 100$US le baril. C'était en février.

Une croissance économique généralisée dont on ne voyait pas la fin alimentait la demande de pétrole. Malgré des signes de faiblesse apparus du côté de l'économie américaine, le pétrole restait une valeur sûre pour tous les analystes, étant donné la demande croissante des pays dits émergents, comme la Chine et l'Inde.

Même les prix de plus en plus élevés ne semblaient pas décourager les consommateurs les plus gourmands au monde, les Américains, comme le veut la théorie économique.

L'Ouest canadien a commencé à se faire à l'idée d'être la prochaine superpuissance pétrolière, grâce aux prix élevés du brut qui lui permettait enfin d'exploiter ses sables bitumineux. Gavée de pétrodollars, la Bourse de Toronto a connu ses meilleurs moments au début de l'été de 2008. C'était le 18 juin.

La seule ombre au tableau était la pénurie appréhendée. L'offre de pétrole ne pourrait bientôt plus suffire à alimenter un tel rythme de consommation, s'inquiétait-on. Les théoriciens du peak oil, qui prévoient depuis des années l'assèchement prochain de toutes les sources de pétrole de la planète, ont eu leur nouvelle heure de gloire.

Le secteur des transports est de loin le secteur de l'économie le plus menacé par une pénurie de pétrole. Pour les sociétés organisées autour du pétrole à bon marché, comme les États-Unis avec ses banlieues et ses gigantesques centres commerciaux, la fin du monde semblait proche.

Les scénarios de rechange pour le secteur des transports, sortis en catastrophe des laboratoires où ils végétaient, se sont avérés peu avancés et encore loin de pouvoir prendre la relève.

La voiture électrique est encore loin du marché de masse. Le véhicule hybride suscite de plus en plus intérêt, mais son prix élevé décourage les acheteurs, à part peut-être les écolos convaincus. Le pétrole est allé de record en record jusqu'au 11 juillet. Ce jour-là, le brut de référence américain a fini la journée à 147,50$US.

L'économie américaine, déjà affaiblie par une crise hypothécaire qui a dégénéré en crise du crédit, a plié les genoux devant les prix élevé du pétrole.

Le ministère américain de l'Énergie a prévu que la consommation d'essence reculerait cette année aux États-Unis, du jamais vu en 17 ans. Du jamais vu, il y en a eu encore beaucoup par la suite.

Des fleurons de la finance américaine, comme Lehman Brothers, sont disparus en quelques semaines. Le cycle négatif s'est enclenché et le prix du pétrole a baissé jusqu'à des niveaux qu'absolument aucun expert n'avait prévu. Jusqu'à atteindre 33,87$US, son plus bas prix depuis 2004. C'était le 19 décembre dernier.

Comme la plupart des chefs d'entreprise, André Laramée est plutôt mal pris pour se faire une idée du prix du pétrole pour sa planification de 2009. «Je me fie à mes clients», dit-il.

Son entreprise a pris le parti la diversification. C'est une sorte de police d'assurance. Une des deux filiales de CVTech, Thiro, construit et entretient des lignes de transport d'électricité. Une augmentation du prix du pétrole lui serait «plutôt bénéfique», estime André Laramée.

L'autre est dans le secteur automobile, qui est actuellement en crise profonde. Le patron de CVTech, qui compte 682 employés, reste quand même optimiste. «Nos transmissions sont destinées à de petits véhicules qui consomment moins et elles sont plus en demande que celles de concurrents, dit-il. Mais c'est sûr que ça nous chatouille.»

Prix moyen du brut en 2009Des experts se prononcent

Jeff Rubin

CIBC World Markets

Après avoir prédit que l'or noir atteindrait 200$ le baril, il mise maintenant sur un prix de 75$US.

Ministère de l'Énergie des États-Unis

51$US

Mouvement Desjardins

62$US

Agence internationale de l'énergie

80$

Francisco Blanch

Merrill Lynch

Il prévoit que le prix pourrait descendre jusqu'à 25$US et que son prix moyen sera de 50$US

Arabie Saoudite

Pour le plus important producteur de pétrole au monde, le "prix juste" du pétrole serait de 75$US