À 79 ans, Noël Roy en a vu passer, des périodes de ralentissement économique. Des mois de décembre où il faut se serrer la ceinture, où les mines sont longues et les joues plus creuses. Mais depuis 63 ans qu'il travaille dans le domaine, il n'a jamais vu une crise nuire à son commerce de sapins. Et ce n'est pas cette année que cela va changer. L'arbre de Noël, c'est incontournable.

À 79 ans, Noël Roy en a vu passer, des périodes de ralentissement économique. Des mois de décembre où il faut se serrer la ceinture, où les mines sont longues et les joues plus creuses. Mais depuis 63 ans qu'il travaille dans le domaine, il n'a jamais vu une crise nuire à son commerce de sapins. Et ce n'est pas cette année que cela va changer. L'arbre de Noël, c'est incontournable.

«Les cadeaux seront peut-être plus petits au pied du sapin, cette année, mais l'arbre, lui, il va encore trôner dans les salons. On ne peut pas s'en passer», constate l'homme d'une voix posée, dans un stand du marché Atwater.

«Les gens vont économiser ailleurs, mais pas là. C'est sacré, un sapin, à Noël», soutient aussi André Bédard, à l'autre bout de la ville, dans un quartier où les portefeuilles sont souvent moins garnis. Samedi, au marché Saint- Jacques, rue Amherst, les clients défilent à un rythme soutenu avant même le coup de 10h.

«Il y a quelque chose de très romantique dans le fait d'avoir un arbre dans la maison. Ça sent tellement bon! Et mes filles seraient sincèrement déçues si je n'en achetais pas», dit Danielle d'Aragon, avant de préciser, sourire aux lèvres: «Mes filles ont plus de 30 ans!»

D'ailleurs, on ne magasine pas un sapin comme on magasine une télévision ou un lave-vaisselle, en courant les aubaines et en comparant les prix d'un marchand à l'autre.

«J'ai quand même marchandé le mien, affirme Danielle d'Aragon. J'ai obtenu 5$ de rabais parce que des branches sont recouvertes de glace, mais je n'aurais pas pris la peine de magasiner.»

«Je suis venue ici parce que c'est juste à côté de chez moi; c'est plus simple pour rapporter le sapin à la maison», dit Patricia Racine, croisée avec sa fille dans une étrange forêt artificielle de sapins naturels, avenue du Mont-Royal. «On respecte une tradition non écrite: on le prend toujours au même endroit», note Georges Aubé.

Étienne Laurier a quand même été surpris du prix qu'on lui a demandé. «Il me semblait que c'était moins cher quand j'allais l'acheter avec mon père.» «Peut-être, mais c'était à Laval, et ce n'était pas toi qui payais!» réplique sa copine. Ces réticences ne suffiront pas à priver d'un sapin de six pieds ce couple d'étudiants au budget limité. Ce sera un arbre cultivé de surcroît. À 40$.

Ironie du sort, certains détaillants croient même que ce temps des Fêtes sera l'un de leurs meilleurs, précisément en raison du ralentissement économique. Bien des Québécois qui ont l'habitude de passer le réveillon en Floride pourraient en effet décider de rester ici cette année. Ils dépenseront au Québec plutôt qu'à l'étranger. «Il y a des signes qui ne trompent pas, dit Réjean Geoffrion, gérant des pépinières Jasmin de Montréal. Je n'ai jamais autant vendu de petites branches de sapin, que les gens utilisent pour décorer les portes et les fenêtres. C'est bon pour nous.»

Combien pour un sapin? Combien coûte un sapin baumier de six pieds de hauteur, le type préféré des Québécois? Le prix d'un arbre de Noël varie considérablement d'un endroit à l'autre, surtout si l'on prend la peine sortir de l'île de Montréal, a constaté La Presse. Quelques exemples.

25$ > Une aubaine réservée aux automobilistes qui pourront se rendre directement chez un producteur comme Plantations Univert, à Bonsecours, en Estrie.

30$ > Aux pépinières Éco-Verdure ou Botanix, à Laval.

35$ > Aux plantations Fernet, sur la Rive-Sud. À ce prix, les enfants ont droit à une balade en carriole tirée par des chevaux.

40$ > Dans les marchés publics Jean-Talon, Saint-Jacques et Atwater, à Montréal.

48$ > En plein coeur du Plateau, à la sortie du métro Mont-Royal.

50$ > Au parc Lahaie, à l'angle des boulevards Saint-Laurent et Saint-Joseph.

125$ > Pour un arbre géant de 12, 13 pieds acheté au marché Atwater. Noël Roy en vend deux ou trois par année, à des particuliers «qui ont de bien grandes maisons».