L'industrie canadienne des télécommunications résistera au ralentissement attendu pour 2009 et 2010, malgré une croissance qui pourrait connaître un creux de dix ans.

L'industrie canadienne des télécommunications résistera au ralentissement attendu pour 2009 et 2010, malgré une croissance qui pourrait connaître un creux de dix ans.

Le Conference Board du Canada attribue cela à la demande soutenue pour de nouveaux services sans fil et à une concurrence plus féroce dans le sans-fil, qui profitera surtout aux consommateurs.

Publiées hier, les données du Conference Board prévoient une croissance annuelle de 2,3% pour les télécoms canadiennes d'ici 2011. Ces prévisions sont beaucoup plus optimistes que celles faites pour le même secteur aux États-Unis, où le groupe de recherche UBS parle plutôt d'un déclin de 7% en 2009. Au Canada, c'est le marché du sans-fil qui sauve la mise, puisque sa croissance devrait être d'environ 8% par an sur trois ans.

L'étude se conclut sur un bémol: les profits pourraient stagner jusqu'en 2011. La pression sur les prix sera double. «Le niveau de profitabilité sera plat au cours des prochaines années en raison d'une guerre de prix plus accrue et d'un ralentissement de la demande causé par le contexte économique», résume Michael Burt, directeur de la recherche pour le Conference Board.

Bonne occasion pour les fabricants

Les fabricants d'appareils sans fil voient la situation d'un bon oeil, grâce aux changements technologiques annoncés par de gros joueurs comme Bell et Telus. «Globalement, l'horizon n'est pas très dégagé, mais nous devrions faire très bien au Canada», estime Michelle Digulla, directrice générale de Sony Ericsson au Canada. «Bell et Telus nous ouvrent la porte aux deux tiers du marché (non détenu par Rogers). Nous avons l'occasion de prendre beaucoup plus de place.»

Sony Ericsson compte doubler son offre au Canada en 2009. Son catalogue d'appareils offerts devrait passer d'une dizaine de modèles, à l'heure actuelle, à plus de 20 en 2009, et devrait viser tous les marchés, des téléphones très abordables aux appareils multimédias les plus complets. «Bell, Telus et Rogers sont très axés sur les nouvelles technologies, mais les nouveaux joueurs comme Globalive et Vidéotron miseront davantage sur le côté abordable», estime Mme Digulla.

Même son de cloche du côté de Nokia, qui ne fabrique que des appareils compatibles avec les réseaux de type GSM/HSPA, comme celui de Rogers. «Au lieu d'avoir seulement Rogers-Fido, nous pourrons désormais faire affaires avec tous les exploitants de réseaux sans fil au Canada», constate Richard White, directeur général de Nokia Canada. «Le Canada représente une occasion de croissance énorme pour nous.»

Nokia espère également que cette nouvelle concurrence accélérera la commercialisation de nouveaux services mobiles, comme ceux que conçoit la «startup» montréalaise OZ Communications, rachetée par le géant finlandais en novembre. Spécialisée dans la messagerie mobile, OZ deviendra la pierre angulaire des services mobiles de Nokia au Canada, et ailleurs dans le monde.

Contraste

Chez nos voisins du Sud, 2009 s'annonce beaucoup moins positive pour le secteur des télécommunications. La semaine dernière, la société AT&T annonçait la mise à pied progressive de pas moins de 12 000 employés, environ 4% de sa main-d'oeuvre totale. Selon UBS, les autres grandes entreprises du secteur pourraient imiter AT&T.

La téléphonie résidentielle semble la principale touchée, mais le sans-fil n'est pas sans en subir les effets. Il y a quelques jours, Research in Motion (RIM) révisait à la baisse son estimation de la demande pour ses appareils, les fameux BlackBerry, vendus aux États-Unis. Pour son troisième trimestre se concluant le 29 novembre dernier, RIM s' attend à des ventes de 2,6 millions d'appareils, au lieu des 2,9 millions prévus initialement.

C'est tout un contraste. «Sauf qu'au Canada, le taux de pénétration du sans fil n'est que de 64%", nuance Richard White. "Malgré le ralentissement, ça laisse encore beaucoup de place pour la croissance.»