Le prix du baril de pétrole ne cesse de chuter, mais le prix du carburant reste plutôt stable à la pompe.

Le prix du baril de pétrole ne cesse de chuter, mais le prix du carburant reste plutôt stable à la pompe.

Les automobilistes montréalais paieraient trop cher le litre d'essence. Mince consolation: les prix devraient baisser encore.

Les données désastreuses sur l'emploi aux États-Unis publiées hier ont fait passer le prix du baril de pétrole sous la barre des 42$ à New York, pour la première fois en quatre ans. Au total, les cours ont perdu une centaine de dollars depuis le mois de juillet.

Les automobilistes ont certes profité de la baisse, mais pas de façon suffisante, remarquait-on hier au CAA-Québec. «Il faut que les prix baissent. Lamarge de profit est de 10,1 cents le litre en moyenne à Montréal. C'est deux fois plus que la marge moyenne des 52 dernières semaines, qui est pourtant très confortable», insiste la porte-parole Roxanne Héroux.

Selon le professeur des HEC Bruno Rémillard, la situation prouve que les détaillants sont plus prompts à suivre les hausses du prix du brut que ses baisses. «Ce que les consommateurs perçoivent, c'est vraiment ce qui se passe. Lorsque les cours augmentent, cela se répercute immédiatement à la pompe.

Mais l'inverse n'est pas vrai.»

Les automobilistes se font-ils avoir? «Aucun économiste ne peut répondre à cela», dit le professeur de l'UQAM Benoît Duguay, mais ils sont certainement victimes de la spéculation et de la volatilité des marchés.»

Un professeur de l'Université de Sherbrooke, Gilles Larin, note toutefois que ce n'est pas parce que le prix du brut a baissé des deux tiers de sa valeur depuis l'été que le prix de l'essence à la pompe aurait dû en faire autant. «Ce n'est pas une relation directe. Plusieurs facteurs comme les taxes et les prix du raffinage entrent en ligne de compte, et ces frais ont augmenté au cours des dernières années», dit-il. Les prix de l'essence hier à Montréal n'étaient d'ailleurs que légèrement plus élevés que ceux de décembre 2004, quand les cours du brut étaient similaires.

Plusieurs spécialistes sont d'avis que les prix vont encore baisser au cours des prochaines semaines.

Certains ont avancé le chiffre de 25$. «En septembre, on traitait de fous les économistes qui prédisaient un baril à 75$. Tout a changé avec la crise économique», relève Lorne Switzer, de l'école de gestion de l'Université Concordia. Aucune hausse marquée n'est attendue d'ici à la fin de 2009.

Le vice-président de l'Institut des produits pétroliers, Carol Montreuil, rappelle de son côté que, nonobstant les taxes, c'est au Québec que l'essence est la moins chère en moyenne au pays.