Le gouvernement conservateur vient d'allonger et de détailler sa liste d'épicerie dans le domaine de la défense.

Le gouvernement conservateur vient d'allonger et de détailler sa liste d'épicerie dans le domaine de la défense.

Des entreprises du Québec comme CAE [[|ticker sym='T.CAE'|]], L-3 MAS Communications, Héroux-Devtek [[|ticker sym='T.HRX'|]] et même Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] sont bien placées pour bénéficier de cette séance de magasinage de 240 milliards de dollars.

Dans un rapport rédigé cette semaine, l'analyste Chris Murray, de Marchés mondiaux CIBC, écrit que parmi toutes les entreprises qu'il suit, c'est CAE qui devrait être le principal bénéficiaire de l'accroissement du budget militaire canadien.

Il rappelle que le groupe d'entreprises canadiennes dirigé par CAE est la seule équipe jugée conforme par le gouvernement canadien pour participer à un important appel d'offres d'une valeur qui pourrait dépasser 200 millions de dollars. Le contrat en question porte sur la formation des équipages des nouveaux avions C-130J acquis par Ottawa et des hélicoptères Chinook CH-47 que le gouvernement est sur le point d'acquérir.

Les avions de transport tactique C-130J et les hélicoptères Chinook faisaient partie d'une première liste d'épicerie militaire présentée par le gouvernement conservateur au début de l'été 2006. En mai dernier, le premier ministre Stephen Harper a considérablement allongé cette liste pour y inclure notamment des avions des recherches et sauvetages, des avions de patrouille, des chasseurs, des destroyers et des frégates.

Le budget alloué à ces achats a cependant créé une certaine confusion et le gouvernement conservateur a choisi de clarifier le tout dans un document qu'il a rendu disponible sur l'internet à la fin de la semaine dernière, la Stratégie de défense Le Canada d'abord.

Ottawa précise ainsi que le budget annuel du ministère de la Défense nationale passera de 18 milliards en 2008-2009 à plus de 30 milliards en 2027-2028. Le gouvernement consacrera près de 490 milliards à la défense au cours des 20 prochaines années.

Une bonne partie de cette somme, soit 250 milliards, sera consacrée au personnel. Une tranche de 15 milliards sera liée aux gros projets d'acquisition déjà annoncés alors que 20 milliards iront aux nouveaux projets. Une tranche de 25 milliards portera sur les acquisitions de plus petite taille, comme les armes et les équipements de communications, alors que 40 milliards seront alloués aux projets d'infrastructures.

Enfin, Ottawa dépensera 140 milliards pour la maintenance des équipements et de la formation du personnel. C'est cette dernière tranche qui intéresse plus particulièrement CAE.

La vice-présidente aux communications de CAE, Nathalie Bourque, a noté que, pour des dossiers de cette envergure, le fabricant de simulateurs de vol s'associait avec d'autres entreprises.

«Le fait de travailler ensemble nous permet d'aller plus loin dans notre développement et, après cela, de nous tourner vers d'autres pays et de faire valoir ce que nous avons accompli au Canada», a-t-elle déclaré.

L-3 MAS Communications, une entreprise spécialisée dans l'entretien et la modification d'appareils militaires établie à Mirabel, se frotte également les mains en regardant la nouvelle liste d'emplettes du gouvernement.

«Ce qui nous intéresse, c'est tout ce qui vole, a lancé le président de L-3 MAS, Sylvain Bédard. C'est encourageant de voir un plan qui se tient. C'est sûr que c'est critiqué, ce n'est pas parfait, mais c'est mieux que tout ce que nous avons eu.»

Une autre société québécoise, Héroux-Devtek, est particulièrement bien positionnée pour tirer avantage des ajouts à la liste d'épicerie initiale. C'est ainsi que le gouvernement canadien prévoit commencer à remplacer la flotte existante de CF-18 par 65 nouveaux avions de chasse.

Chris Murray, de Marchés mondiaux CIBC, croit qu'Ottawa se tournera du côté du Joint Strike Fighter (JSF), un nouvel appareil que développe Lockheed Martin avec des fonds provenant de plusieurs pays. Le gouvernement canadien a notamment investi 160 millions dans les deux premières phases du développement de l'appareil et s'est engagé à investir 500 millions dans la troisième phase.

Héroux-Devtek a décroché des contrats pour différents composants structuraux du JSF. Chris Murray estime d'ailleurs que la participation de l'entreprise de Longueuil représente environ 750 000$ en moyenne par appareil. Le JSF devrait coûter entre 45 et 60 millions, selon la version choisie.

Bombardier pourrait également bénéficier des nouveaux éléments de la liste d'Ottawa. Chris Murray indique que le gouvernement canadien pourrait opter pour une version militarisée du biréacteur d'affaires Global Express pour remplacer les avions de patrouille maritime Aurora. Une telle version du Global Express est notamment utilisée par la Grande-Bretagne et l'Allemagne.

Le gouvernement conservateur entend acquérir de 10 à 12 nouveaux avions de patrouille maritime à partir de 2020. Le Global Express pourrait cependant faire face à une dure concurrence, soit celle du P-8 Poseidon de Boeing, une version militarisée du 737.

Quoi qu'il en soit, CAE pourrait tirer son épingle du jeu: l'entreprise montréalaise fabrique des simulateurs de vol pour le Global Express et vient d'obtenir un contrat de la marine américaine pour un premier simulateur pour le P-8 Poseidon.