Les meilleurs régimes de retraite pour les fonctionnaires, les autres pour les employés du privé. C'est vers ce dangereux clivage que se dirige le Canada, a averti hier Claude Lamoureux, qui réclame un «sommet national» pour discuter des chèques de pension des Canadiens.

Les meilleurs régimes de retraite pour les fonctionnaires, les autres pour les employés du privé. C'est vers ce dangereux clivage que se dirige le Canada, a averti hier Claude Lamoureux, qui réclame un «sommet national» pour discuter des chèques de pension des Canadiens.

Au centre des préoccupations de l'ancien patron de la caisse de retraite ontarienne Teachers': les régimes de retraite à prestations déterminées, les seuls qui permettent aux participants de compter sur un revenu prévisible après avoir lancé leur «bye bye boss».

Or, ces régimes sont «en train de disparaître», constate M. Lamoureux. En 12 ans, la proportion de travailleurs couverts par ces régimes est passée de 90 à 80% dans la fonction publique, et de 29 à 20% dans le privé.

«Si cette tendance se maintient, les politiciens et les employés de la fonction publique seront les seuls Canadiens couverts par un tel régime», a-t-il lancé.

Les raisons d'une telle chute de popularité sont nombreuses. Mais selon M. Lamoureux, le fouillis juridique qui entoure les régimes de retraite au pays n'y est pas étranger.

«Ça, c'est le résumé des régimes de pension au Canada, a-t-il lancé en brandissant une brochure étonnamment volumineuse. Pas la loi: le résumé!» Selon lui, cette complexité décourage les employeurs qui veulent implanter des régimes de retraite. Il est donc grand temps de faire le ménage et d'harmoniser les lois des différentes provinces.

De concert avec l'Institut canadien des actuaires, M. Lamoureux propose 10 recommandations visant à redorer le blason des régimes à prestations déterminées. L'une d'elles propose de faire sauter le plafond qui interdit aux régimes d'accumuler des excédants de plus de 10%.

En empêchant les régimes d'accumuler des surplus quand ça va bien, plaide M. Lamoureux, on les condamne à tirer le diable par la queue en période difficile.

Autre point à corriger selon lui: la question des surplus.

«La plupart des provinces disent aux employeurs: s'il y a un déficit, vous devez le combler, mais s'il y a un surplus, vous devez le partager. Je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles ce genre de régime est moins populaire qu'il ne l'était autrefois», dit M. Lamoureux.

L'actuaire de formation admet que les régimes à prestations déterminées sont plus complexes à gérer pour les employeurs que ceux à cotisations déterminées, où se sont les cotisations et non les versements aux retraités qui sont décidées d'avance.

«Mais un dollar cotisé dans un régime à prestations déterminées donne plus de rente qu'un dollar mis dans un régime à cotisations déterminées», dit Normand Gendron, président sortant de l'Institut canadien des actuaires.

M. Lamoureux invite le ministre des Finances du Canada à convoquer un sommet sur la question. L'Institut canadien des actuaires note que des 10 recommandations proposées, quatre d'entre elles sont déjà en vigueur au Québec.

CLAUDE LAMOUREUX SUR...

BCE: la transaction aura lieu

L'ancien patron de Teachers', qui fait partie du groupe d'acquéreurs de BCE, croit que la transaction ira de l'avant. Il se réjouit de la décision de la Cour suprême, qui a rabroué vendredi les détenteurs d'obligations qui s'opposaient à l'achat. Un jugement contraire aurait été «désastreux pour la régie d'entreprise canadienne», dit M. Lamoureux.

«Ce qui va arriver, c'est qu'il va y avoir une transaction», tranche-t-il, affirmant que le niveau élevé d'endettement n'empêchera pas les nouveaux proprios de faire les investissements nécessaires dans la société.

La relève à la Caisse de dépôt

«Henri-Paul (Rousseau, grand patron de la Caisse) est un bon gars et il a fait du très, très bon ouvrage. Il avait un défi et il l'a relevé. Même si les gens parlent de PCAA (le papier commercial adossé à des actifs) pour moi, investir, c'est prendre des risques. Et il arrive que quand on prend des risques, on perd de l'argent. Mais sur le long terme, il a fait du travail formidable. »

Intéressé par la succession? «Je n'ai même pas pensé à ça. Moi je suis retraité et je ne m'ennuie pas avec ce que je fais là.» Lorsqu'on lui fait remarquer qu'il ne s'agit pas là d'un non clair, M. Lamoureux s'esclaffe. «Je ne pense pas à ça, répète-t-il. Il y a un board et c'est eux qui vont se débrouiller. »