Partout dans le monde, les perspectives sont grises. Depuis trois semaines, les analystes financiers ont mis la hache dans leurs prévisions de bénéfices des sociétés de la plupart des pays industrialisés. Pour le premier trimestre, et pour tout le reste de 2008.

Partout dans le monde, les perspectives sont grises. Depuis trois semaines, les analystes financiers ont mis la hache dans leurs prévisions de bénéfices des sociétés de la plupart des pays industrialisés. Pour le premier trimestre, et pour tout le reste de 2008.

Mais au Canada, c'est tout le contraire! La raison est très simple: le prix des ressources naturelles fracasse des records. Encore cette semaine, le prix du pétrole a touché un sommet historique de 112$US le baril, grâce à l'appétit des pays émergents qui ne semblent pas subir les contrecoups de la récession américaine.

Comme le tiers des profits des sociétés à la Bourse de Toronto provient des secteurs de l'énergie et des matériaux (or, métaux, etc.), on peut dire que le Canada suit un bon filon mais pour combien de temps?

«Le pétrole à un sommet, l'indice CRB des matières premières dans le ciel, pendant que l'économie mondiale ralentit: personne n'y comprend rien. J'en perds mon latin!» lance Vincent Delisle, stratège aux Marchés des capitaux Scotia.

Il a bien du mal à croire les analystes qui prévoient une croissance des profits de 14% au premier trimestre, et de 10% pour toute l'année 2008.

«C'est irréaliste!» considère Pierre Ouimet, stratège en chef chez UBS Gestion globale d'actifs, qui s'attend plutôt à du surplace.

Surtout que les profits sont déjà très élevés. De 2002 à 2007, le taux de croissance annuel composé des bénéfices des sociétés canadiennes (S&P/TSX) s'est établi à 21%. Presque le double du taux américain.

«C'est comme aux Jeux olympiques. Plus ça va, plus la barre est haute. Les performances deviennent plus difficiles à battre», illustre M. Ouimet.

Il faut aussi souligner que depuis le milieu des années 50, le taux de croissance des bénéfices au Canada n'a été que de 6% en moyenne. «Il y aura un retour du balancier», prévoit M. Ouimet.

Pour l'instant, le Canada semble immunisé contre la récession américaine. Aux États-Unis, les bénéfices ont fondu de 6% l'an dernier, tandis que le Canada maintenait une croissance de 7%.

Mais il y a toujours un décalage entre la baisse des bénéfices aux États-Unis et au Canada, dit M. Delisle.

D'ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la récession américaine affectera bientôt le Canada. L'économie canadienne progressera de seulement 1,3% en 2008, deux fois moins qu'en 2007.