Les exportateurs américains vont en profiter. Ceux qui importent des produits de Chine devront toutefois payer plus cher.

Les exportateurs américains vont en profiter. Ceux qui importent des produits de Chine devront toutefois payer plus cher.

Le yuan chinois, qu'on appelle aussi renminbi, a franchi jeudi le seuil symbolique des 7 yuans pour un dollar américain. Il valait à la fermeture des marchés 6,99. Jamais en 14 ans le yuan n'a-t-il flotté si haut par rapport au dollar américain.

«La Chine subit désormais des pressions à la fois internationales et intérieures pour laisser le yuan s'apprécier à un rythme rapide», a commenté à Reuters Liu Dongliang, analyste changes de China Merchants Bank à Shenzhen, dans le sud du pays.

C'est en juillet 2005 que les autorités chinoises ont réévalué leur devise et abandonné le lien fixe avec le dollar américain. Cette année-là, il a pris 2,6% par rapport au billet vert, puis 3,4% l'année suivante et 6,9% l'an dernier.

Depuis le début de l'année, il a progressé de plus de 4%, soit 17% sur une base annualisée.

En comparaison, pendant cette même période de presque trois ans, le dollar canadien a pris de la valeur par rapport au yuan. Comme l'euro. À la fête du Canada de 2005, un huard permettait d'acheter 6,68RMB. Jeudi, c'était plutôt 6,87.

Par contre, sur une plus courte période, depuis son sommet de l'automne dernier, le dollar canadien a perdu des plumes face au yuan. Beaucoup de plumes, en fait.

En novembre, le huard permettait d'acheter 8,12RMB. Une force qui a bien profité aux grands détaillants canadiens qui ont pu acheter des stocks à prix réduits de l'autre côté du Pacifique. En quatre petits mois, la baisse a donc été de 15%.

La question que les cambistes se posent: le yuan peut-il maintenir ce rythme bien longtemps par rapport au dollar américain?

Bien qu'il s'attende à une appréciation continue du yuan, l'économiste Jonathan Anderson, de UBS à Hong Kong, ne croit pas que le yuan puisse tenir la cadence enregistrée depuis le début de l'année.

«D'après nous, écrit-il dans une note de recherche, on peut s'attendre à une augmentation d'environ 8% du yuan (par rapport au dollar US) au cours des 12 prochains mois, ce qui est respectable, mais pas énorme selon les standards asiatiques.»

Et aussi, ajoute-t-il, sous les attentes actuelles du marché, qui mise sur une appréciation plus rapide de la monnaie à l'effigie de Mao.

La devise chinoise a été dévaluée au début de 1994, Pékin la faisant passer de 8,7 à 5,8 yuans pour un dollar américain. Un plongeon d'un tiers qui a bien servi les exportateurs chinois.

Les Américains, eux, se plaignent depuis longtemps de la sous-évaluation du yuan. Mais le ton commence à changer.

En visite à Pékin la semaine dernière, le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, s'est félicité de l'accélération de la hausse du yuan. Et il a demandé aux autorités chinoises de poursuivre sur la même voie.

La Chine espère aussi trouver son compte dans une monnaie plus forte. En novembre, la banque centrale a annoncé qu'elle voulait utiliser le taux de change pour lutter contre l'inflation. Celle-ci a atteint 8,7% en février, son plus haut niveau depuis 11 ans.

Cette hausse de prix est surtout le fait des denrées alimentaires, un secteur sensible en Chine où une part plus importante du revenu des ménages va à l'alimentation.

Surtout dans les campagnes et chez les plus pauvres.

À quelques mois des Jeux olympiques, la lutte contre l'inflation est donc une priorité pour Pékin: les autorités ne veulent surtout pas se mettre à dos une importante partie de la population.