Les nouvelles règles sur l'affichage à Québec soulèvent un barrage d'opposition des pétrolières.

Les nouvelles règles sur l'affichage à Québec soulèvent un barrage d'opposition des pétrolières.

Non seulement l'interdiction de leurs pylônes pour annoncer le prix du litre nuira à leurs affaires, mais elles plaident que les citoyens risquent ainsi de payer leur essence plus cher.

Même si les entreprises ont jusqu'à vendredi pour déposer leurs mémoires, la Ville a déjà reçu plus d'une centaine de documents contestant son règlement d'urbanisme. L'adoption de ces nouvelles règles en décembre prévoit notamment la disparition des pylônes de prix aux stations-services.

Cette dernière restriction irrite grandement l'industrie qui se sent injustement visée. «Nous jugeons cette interdiction abusive et discriminatoire et nous souhaitons que le projet de règlement soit révisé afin de permettre l'affichage au sol pour les pétrolières au même titre que l'ensemble des commerces», dénonce le directeur des ventes pour le Québec et l'Atlantique de Shell Canada, Bernard Fréchette.

De leur propre aveu, les pétrolières soulignent que les futures règles risquent d'inciter les détaillants à hausser ou à maintenir artificiellement élevé le prix du litre de carburant.

«À la limite, moins d'affichage, et donc moins de communication des prix aux consommateurs, contribuerait à réduire la compétitivité entre les détaillants au détriment des consommateurs», écrit l'Institut canadien des produits pétroliers (l'ICPP) sous la plume de son vice-président, Carol Montreuil.

Cette inquiétude trouve d'ailleurs écho dans le mémoire présenté par la section québécoise de l'Association canadienne des automobilistes (CAA-Québec). "Les consommateurs citoyens de Québec se verront pénalisés par rapport à ceux des autres régions du Québec s'ils n'ont plus accès à un affichage visible", écrit l'organisme représentant 950 000 automobilistes dans la province, dont 92 000 dans la capitale.

Sans s'opposer ouvertement au nouveau règlement, CAA-Québec demande à la Ville de trouver «une solution pour que les consommateurs automobilistes puissent continuer à observer le prix de l'essence à même un affichage très visible depuis leur véhicule».

Après tout, souligne l'Association, ces enseignes commerciales servent surtout à communiquer le prix du litre bien plus qu'à vendre une marque de commerce, le produit étant le même d'un détaillant à l'autre.

Si elle demande la disparition des immenses pylônes affichant le prix du litre, la présente mouture du règlement prévoit l'affichage des prix sur le rebord du toit de l'îlot des pompes. La taille du prix ne devra toutefois pas excéder un mètre carré, précisent les règles présentement à l'étude.

Un règlement dangereux?

Si l'argument du prix à la pompe ne suffit pas, l'industrie prévient également que le futur règlement pourrait potentiellement être dangereux pour la sécurité des automobilistes. Rien de moins.

«Les études auprès de notre clientèle démontrent que celle-ci perçoit nos postes d'essence comme des lieux phares en cas de danger (agression, panne) et la possibilité de pouvoir distinguer nos sites à distance est primordiale», soutient M. Montreuil dans son mémoire.

Plus tard, il ajoute que «puisque nos stations-service, comme leur nom l'indique, offrent plusieurs services autres que la distribution d'essence, nous croyons que limiter la visibilité de nos sites par une réglementation d'affichage restrictive nuira à la sécurité et à la qualité des services aux citoyens».