Le baron déchu de la presse Conrad Black, 63 ans, a été condamné lundi à six ans et demi de prison pour fraudes et obstruction à la justice par un tribunal de Chicago (Illinois).

Le baron déchu de la presse Conrad Black, 63 ans, a été condamné lundi à six ans et demi de prison pour fraudes et obstruction à la justice par un tribunal de Chicago (Illinois).

La juge Amy St. Eve lui a également infligé une amende de 125 000 $ US et une confiscation de biens à hauteur de 6,1 M$ US.

«Vous avez commis une très grave infraction, M. Black», a dit Mme St. Eve à l'énoncé du verdict. Je ne peux vraiment pas comprendre comment quelqu'un de votre stature a pu se conduire ainsi.».

Conrad Black qui ne s'était pas exprimé durant son procès a fait part de ses «regrets» et de sa «tristesse» à l'égard des actionnaires et des employés de son groupe qui ont perdu, selon lui, 1,85 G$ US par la faute de ses successeurs.

Au début de l'audience lundi matin, Conrad Black, souvent comparé au «Citizen Kane» d'Orson Welles, s'est assis calmement devant le tribunal et a croisé les jambes. L'ancien magnat, qui risquait jusqu'à 30 ans de prison était arrivé avec sa femme et sa fille.

Il avait été reconnu coupable le 13 juillet par un jury de Chicago de trois chefs d'inculpation relatifs à des fraudes et d'un lié à l'obstruction faite à la justice.

Conrad Black, qui avait renoncé à la citoyenneté canadienne pour siéger à la chambre des Lords britannique, a un temps dirigé le troisième empire de presse au monde, Hollinger, incluant des titres comme le Daily Telegraph de Londres, le National Post au Canada, le Jerusalem Post ou encore le Chicago Sun-Times.

La chute de ce fils de brasseur québécois a été aussi fulgurante que son ascension. Il a été accusé avec trois associés d'avoir détourné un total de 60 M$ US via un montage financier frauduleux lors de la vente d'actifs de Hollinger au groupe de presse canadien CanWest en 2000.

Conrad Black était aussi le seul à avoir été poursuivi pour obstruction à la justice. Une caméra de surveillance l'avait filmé en train de sortir des documents de son bureau de Toronto au siège social de Hollinger, alors qu'il savait qu'il faisait l'objet d'une enquête.

Mais cet homme à la personnalité abrasive et à la fortune longtemps insolente n'a cessé de clamer haut et fort son innocence.

«Jusqu'à ce jour, Black maintient que les chefs d'accusation ne sont que foutaises et non-sens», a dit le procureur Eric Sussman, avant l'audience de lundi.

Fier jusqu'au bout, le magnat déchu a indiqué récemment que la prison «serait supportable» et qu'il ne considérerait pas comme une «honte» de se retrouver derrière les barreaux. «Il ne s'agit pas d'une chute. Ce n'est pas la fin. Je reviendrai», a-t-il prévenu.

Il s'est toujours dit persuadé d'être un jour lavé de tout soupçon.

Lors de son procès, il s'est dit victime de procureurs trop zélés et d'actionnaires déterminés à démonter pièce par pièce le groupe qu'il avait créé à partir de rien.

Les procureurs avaient demandé à la juge Amy St. Eve de prendre en compte son absence de remords pour décider de la sentence.

«(Conrad) Black insiste sur le fait qu'il n'a +absolument rien fait de mal+ et qu'il a été accusé "injustement" (...) et indique clairement qu'il reproduirait le même comportement à nouveau s'il en avait l'occasion», a écrit le procureur Eric Sussman, en référence aux interviews accordées par Conrad Black ces derniers mois.

Les avocats de la défense ont plaidé quant à eux que leur client - qui a perdu le contrôle de son empire fort à une époque de plus de 500 titres - a suffisamment souffert.

Conrad Black avait demandé un nouveau procès, invoquant un manque de témoins crédibles et des erreurs dans les instructions données au jury, mais a échoué dans cette tentative, la juge estimant que la preuve de sa culpabilité avait été bien apportée.