L'ancienne division de Spar Aéro-spatiale à Sainte-Anne-de-Bellevue est sur le point de passer sous le contrôle des Américains.

L'ancienne division de Spar Aéro-spatiale à Sainte-Anne-de-Bellevue est sur le point de passer sous le contrôle des Américains.

Si Ottawa s'inquiète, Québec se réjouit.

Alliant Techsystems, de Minneapolis, a offert 1,3 milliard de dollars pour faire l'acquisition des actifs géospatiaux de la société canadienne MacDonald Dettwiler and Associates (MDA). Ces actifs comprennent notamment l'ancienne division montréalaise de Spar Aérospatiale.

Cette initiative n'inquiète pas le gouvernement du Québec, bien au contraire.

"C'est une transaction qui est intéressante à plusieurs égards, a déclaré l'attachée de presse du ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand, Manuela Goya. Grâce à elle, le marché américain, qui représente 75% des investissements mondiaux (dans l'espace), sera à la portée de MDA, ce qui n'était pas tout à fait le cas dans le passé."

Si la transaction va de l'avant, Alliant créera une division, ATK Space Systems, qui comprendra les actifs géospatiaux de MDA ainsi qu'une autre firme de technologie spatiale récemment acquise, Swales Aerospace, du Maryland. Cette division sera située au Maryland. Le gouvernement du Québec ne s'attend cependant pas à des pertes d'emplois à Sainte-Anne-de-Bellevue.

"Au contraire, a lancé Mme Goya. La complémentarité est assez exceptionnelle entre les deux. ATK n'a pas l'expertise de MDA. Le maintien des emplois est pratiquement acquis, et il pourrait y avoir une augmentation au fur et à mesure que les contrats rentreront."

Recherche et développement

Elle a ajouté qu'Alliant s'était engagée à maintenir les dépenses en recherche et développement à Sainte-Anne-de-Bellevue au même niveau que celui des trois dernières années. La société américaine maintiendra également le même niveau de dépenses en immobilisations, soit autour de quatre millions de dollars par année.

Le fait de passer sous contrôle américain n'aura rien de nouveau pour les employés de Sainte-Anne-de-Bellevue. Spar Aérospatiale avait vendu cette division à une société américaine, EMS, d'Atlanta, en 1999, pour environ 30 millions de dollars. MDA, de Richmond, en Colombie-Britannique, avait acquis ces actifs au début de 2006, les ramenant ainsi sous propriété canadienne.

À Sainte-Anne-de-Bellevue, on n'a pas voulu commenter la transaction. Mais l'atmosphère y est plutôt à l'optimisme.

"Ce que j'ai compris, c'est que c'était plutôt bienvenu", a observé Mme Goya.

L'ancienne division de Spar a travaillé sur l'important projet de satellite Radarsat-2, un projet de l'Agence spatiale canadienne. Or, ce satellite a été lancé en décembre dernier et depuis, les contrats en provenance du gouvernement canadien dans le domaine spatial se font plutôt rares.

Dans son budget de février 2005, le ministre libéral des Finances Ralph Goodale avait annoncé des investissements de 111 millions sur cinq ans pour la mise au point d'une prochaine génération de satellites. En mars 2006, l'Agence spatiale canadienne a attribué un premier contrat de sept millions à MDA pour commencer à travailler sur un projet de constellation de trois satellites. Mais depuis, sous le règne conservateur, les contrats additionnels se font attendre.

Interrogée au sujet de la constellation de satellites, l'Agence spatiale canadienne indique simplement qu'une étude de faisabilité est en cours de réalisation. De nouveaux projets en provenance des États-Unis seraient donc les bienvenues pour sauvegarder les emplois à Sainte-Anne-de-Bellevue.

Controverse à Ottawa

À Ottawa, la vente des actifs géospatiaux de MDA sème la controverse notamment pour des questions de souveraineté. Des observateurs s'inquiètent parce que Radarsat-2, un satellite financé par le gouvernement canadien pour, entre autres, protéger la souveraineté dans l'Arctique, passera sous contrôle américain.

Dans un courriel à La Presse Affaires, l'Agence spatiale canadienne soutient toutefois que l'entente qu'elle a conclue avec MDA garantit l'accès aux données de Radarsat-2 durant toute la durée de vie opérationnelle du satellite.

En outre, les contrats émis par le gouvernement canadien contiennent des clauses qui visent à assurer la protection de la propriété intellectuelle de la technologie développée à partira des contributions du gouvernement canadien.

L'ancien astronaute et candidat libéral Marc Garneau a quand même demandé au gouvernement conservateur d'y réfléchir à deux fois avant d'approuver la transaction.

Industrie Canada a justement annoncé hier qu'il prolongeait de 30 jours la période d'examen de l'offre d'Alliant en vertu de la Loi sur Investissement Canada. La période initiale de 45 jours devait prendre fin le 22 mars.

La transaction ne nécessite aucune approbation du côté du gouvernement du Québec.