Le président de la Bourse de Montréal (T.MXX), Luc Bertrand, n'a pas digéré que le député péquiste de Rousseau François Legault ait laissé planer le doute quant à son intégrité dans la transaction avec la Bourse de Toronto (T.X).

Le président de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]], Luc Bertrand, n'a pas digéré que le député péquiste de Rousseau François Legault ait laissé planer le doute quant à son intégrité dans la transaction avec la Bourse de Toronto [[|ticker sym='T.X'|]].

À la mi-décembre, à l'Assemblée nationale, M. Legault avait révélé que Luc Bertrand avait acheté 150 000 actions supplémentaires de la Bourse avant la transaction avec Toronto, un investissement qui représentait un gain de 1,5 million environ.

«Je n'ai pas parlé de délit d'initié, j'ai fait bien attention, même si les journalistes m'ont cuisiné pour essayer de me faire dire cela», a souligné jeudi M. Legault.

«J'ai seulement souligné à la ministre Jérôme-Forget qu'il y avait une différence entre les intérêts de M. Bertrand, des actionnaires, et les intérêts supérieurs du Québec», a-t-il soutenu, informé des déclarations acérées que M. Bertrand a eu à son endroit.

Dans une entrevue accordée mercredi à La Presse, M. Bertrand n'a pas même mentionné le nom de M. Legault, en parlant comme de «cet individu-là le député de Rousseau» sur un ton non équivoque.

«La personne qui a allégué ça savait très bien qu'il n'y avait pas de délit d'initié. C'est très fâcheux qu'on utilise cette méthode-là pour nous mettre des bâtons dans les roues», a souligné M. Bertrand.

«Cette personne elle-même a été le responsable des finances d'une grande entreprise québécoise», a-t-il poursuivi. (M. Legault était vice-président finances chez Transat avant de faire le saut en politique.)

M. Bertrand avait racheté les actions de deux autres dirigeants de la Bourse, «quand vous avez deux initiés qui font une transaction (entre eux), selon la loi ce n'est pas une transaction d'initiés», ajoute M. Bertrand.

Surtout, au moment ou cette transaction a eu lieu, «il n'y avait pas de négociations avec Toronto», insiste-t-il. Il écorche au passage M. Legault: l'Autorité des marchés financiers a fait une proposition importante sur l'encadrement du commerce des produits dérivés, l'organisme a sollicité les commentaires du public.

«Mais c'est drôle, ces personnes qui nous accusent d'avoir manqué à l'intérêt supérieur du Québec, pas un de ces individus n'a déposé un commentaire ou un document de fond» sur la place financière de Montréal, d'attaquer M. Bertrand.

Au moment où il a acheté, rappelle-t-il, les marchés «étaient en train de planter» à cause des papiers commerciaux.

«C'est tough de faire des gros chèques comme ça (pour racheter des titres) au moment où tu vois le train qui s'en vient», a dit le président de la Bourse.

«Cela a été une bonne chose de vendre la Bourse de Montréal, mais pour lui, pas pour les Québécois», a renchéri M. Legault, qui rappelle que la vente négociée par M. Bertrand n'assure plus que quatre sièges sur 18 à des Québécois à la direction des deux Bourses fusionnées.

La transaction proposée ne garantit pas au Québec de conserver à moyen et long terme l'exclusivité des produits dérivés à Montréal.

«Avec 25% des sièges au conseil d'administration ce n'est pas nous qui allons décider, on se met dans une situation de vulnérabilité», a poursuivi M. Legault.

«Les actionnaires espéraient que cette transaction passe comme une lettre à la poste, mais personne ne m'a convaincu que c'était une bonne transaction pour le Québec», a observé M. Legault.