La culbute des Bourses à la fin 2007, dans la foulée de la crise du crédit, a durement affecté les caisses de retraite, privées et publiques, comme en témoigne le rendement médiocre obtenu l'an dernier par l'ensemble des gestionnaires de portefeuilles.

La culbute des Bourses à la fin 2007, dans la foulée de la crise du crédit, a durement affecté les caisses de retraite, privées et publiques, comme en témoigne le rendement médiocre obtenu l'an dernier par l'ensemble des gestionnaires de portefeuilles.

Et l'année 2008 ne s'annonce guère mieux. Dans ce contexte, rappelle une économiste réputée, il est encore plus important pour les Canadiens d'économiser suffisamment afin de s'assurer d'une retraite confortable.

Surtout pour toux ceux qui prévoient faire des voyages...

Après les rendements médiocres de l'an dernier, les promoteurs de régimes de retraite à prestations déterminées (PD) s'attendent à des gains encore modestes cette année.

Une consultation menée par Mercer auprès de 54 gestionnaires canadiens et étrangers ayant la responsabilité de faire fructifier 1200 milliards de dollars en actifs montre qu'ils s'attendent en moyenne à un rendement de seulement 5,5% en 2008.

Toutefois, d'énormes fluctuations existent dans l'échantillon, les plus pessimistes voyant même des pertes de 10%.

Si la prévision moyenne s'avérait, il s'agirait néanmoins d'un rendement bien meilleur que celui de l'an dernier.

En prenant le rendement des maîtres indices des grands véhicules de placements, le portefeuille type d'une caisse équilibrée aurait donné un rendement de 1,7% seulement l'an dernier, selon les calculs de Mercer et de 2,6% avant frais, selon son concurrent Aon.

Évidemment, la gestion active a pu permettre que certains régimes battent le rendement indiciel alors que d'autres auront fait pire encore.

Un tel rendement décevant a eu pour effet de détériorer la solvabilité des régimes PD. Un rendement de 4,75% aurait été nécessaire pour la garder à flot.

Néanmoins, le niveau de solvabilité s'est légèrement amélioré en raison des cotisations supplémentaires que les employeurs ont dû effectuer pour renflouer les régimes.

Aon calcule que le taux de solvabilité médian s'élevait à 94% le 31 décembre, contre 91%, un an plutôt.

Mercer produit un autre indice qui montre que, sans les cotisations supplémentaires des employeurs, la solvabilité des régimes se serait détériorée depuis trois ans en raison de la faiblesse des taux d'intérêt sur les obligations à long terme qui a pour effet néfaste de gonfler le coût des engagements (le passif) des régimes.

La solvabilité est le ratio de la valeur de l'actif sur celle du passif à une date donnée. Elle vise à vérifier si le régime est suffisamment provisionné pour faire face à tous ses engagements envers ses participants actifs et retraités, advenant qu'il prenne fin.

La loi prévoit qu'un déficit de solvabilité doit être renfloué dans un délai de cinq ans suivant la date de l'évaluation actuarielle.

Les résultats de la consultation rendus publics hier par Mercer font aussi ressortir que les régimes encourent moins le risque de voir les rendements de leurs placements à l'étranger écornés par une nouvelle poussée du huard.

Les répondants s'attendent à ce que notre monnaie se négocie dans une zone près de la parité.

En 2007, sa poussée a fait mal. Les actions américaines ont progressé de 5,5%, selon l'indice S&P 500. Converti en dollars canadiens, le rendement s'est transformé en une perte de 10,5%. Il en va de même pour les autres actions étrangères. (4,0% et -5,3%).

Ce sera aussi l'occasion cette année pour bon nombre de gestionnaires de diversifier leurs billes dans des placements non traditionnels.

Ceux qui auront sans doute la cote sont en premier lieu les infrastructures, les fonds de couverture et la gestion active de devises.

En revanche, les placements privés seront moins prisés en raison du resserrement des conditions de crédit, soutient Jean-François Girard, conseiller principal chez Mercer.

Il présentait mercredi les résultats de la consultation aux clients de la firme d'actuaires et de conseils stratégiques en ressources humaines.

Son collègue Michel St-Germain a mis en lumière que les promoteurs feront face dans un avenir rapproché à deux défis, à eux seuls plus grands encore que tous ceux auxquels ils ont été confrontés depuis 30 ans.

Compte tenu de la volatilité de la solvabilité des régimes, les employeurs devront chercher davantage à réduire les risques financiers au lieu d'accroître les rendements et encourager leurs employés à retarder leur retraite, compte tenu des pénuries de main-d'oeuvre qui se profilent.

«Les défis ne vous manqueront pas, a-t-il prévenu. Il vous faudra diminuer les avantages de la retraite anticipée sans contrarier les baby-boomers.»

M. St-Germain croit que les employeurs devront évaluer la possibilité d'encourager la retraite progressive, même si sa gestion présente des inconvénients et des coûts accrus.

«L'autre solution consiste à maintenir les conditions de retraite anticipée et de choisir les employés qu'on désire reprendre sur une base contractuelle.»