L'économie aura encore à composer avec une période de turbulences et les marchés boursiers demeureront volatiles même si les risques baissiers sont moindres qu'il y a un an.

L'économie aura encore à composer avec une période de turbulences et les marchés boursiers demeureront volatiles même si les risques baissiers sont moindres qu'il y a un an.

C'est le message que lance Clément Gignac, économiste en chef de la Financière Banque Nationale, ce matin dans une note de stratégie envoyée aux investisseurs.

Le stratège estime que ses prévisions pessimistes ont été justes et que les États-Unis sont en récession ou sur le point d'y entrer. Il reste toutefois à voir à quel point les marchés boursiers ont tenu compte des mauvaises nouvelles.

M. Gignac note que les indices boursiers de la quasi-totalité des pays industrialisés (sauf au Canada) sont entrés dans une phase baissière et qu'en éliminant les extrêmes, ces phases engendrent une diminution moyenne de 25%. Comme l'indice américain S&P 500 a déjà chuté de 20%, les Américains «ne sont pas encore tirés d'affaire».

L'économiste en chef recommande aux investisseurs canadiens d'être prudents, maintenant sa cible à 12 800 points sur 12 mois pour le S&P/TSX malgré le pétrole cher.

«Notre conseil financier de base n'a pas changé depuis l'an dernier, écrit-il: encaissez une part des bénéfices sur les titres de ressources naturelles et redistribuez votre argent dans d'autres secteurs. L'histoire prouve qu'on ne s'appauvrit pas en rééquilibrant régulièrement son portefeuille.»

Pour l'instant, les prévisions de la Financière Banque Nationale tiennent compte d'une récession attribuable à la consommation aux États-Unis avec un taux de chômage à 6,5% au début de 2009. Cela prouverait que la théorie du «découplage» avec l'économie mondiale n'est qu'un mythe.

Quant au scénario de la stagflation, le stratège invoque des gains de productivité et une absence d'indexation des salaires pour l'oublier.

Au Canada, il croit que l'absence d'une bulle immobilière et une politique budgétaire expansionniste contribueront à prévenir une récession.

À quand une embellie américaine ?

Clément Gignac estime qu'il faut surveiller quatre éléments déclencheurs pour voir venir une embellie aux États-Unis, donc l'occasion de surpondérer les actions nord-américaines.

En premier lieu, il faut que le marché immobilier se stabilise. Les prix ont plongé de 17,5% aux États-Unis depuis la fin du troisième trimestre 2005 et les logements à vendre équivalent à 10 mois de ventes. Si ces «stocks» cessent de gonfler et que les banques rouvrent le robinet du crédit pour les meilleurs emprunteurs, une lueur d'espoir apparaîtra.

La deuxième condition se trouve dans les prix pétroliers. Clément Gignac croit que le baril de brut doit redescendre à 100 $ US ou moins.

«Nous pensons qu'un prix de près de 150 $ le baril n'est pas viable et que la cible de 200 $ annoncée par certains est un mirage, dit-il. Comme la demande des consommateurs américains recule et que les pays asiatiques réduisent leurs subventions au pétrole, nous maintenons notre cible à 12 à 18 mois de 75 à 80 $ le baril.»

Troisièmement, les prévisions des analystes financiers de Wall Street sont à surveiller. En période de récession, ils abaissent leurs prévisions de 24 à 29% sur les titres composant l'indice S&P/500. Depuis le début de l'année, les attentes ont diminué de seulement 12%.

Jusqu'ici, les avertissements lancés par les entreprises ont entraîné des chutes de 8 à 15% pour leurs titres.

«Une fois que les avertissements concernant les bénéfices ne provoquent plus de chute précipitée des actions, nous en déduisons que le risque de baisse des actions a diminué et notre degré de confort y gagne nettement», écrit M. Gignac.

Un dernier facteur pour penser que l'embellie est amorcée: une amélioration au sein du secteur financier américain.

Si la crise du crédit a rendu difficile l'analyse de leur situation, un rebond sera à prévoir quand les investisseurs étrangers décideront d'y miser gros.

«Les investisseurs qui disposent actuellement de fortes trésoreries sont souvent des sociétés étrangères et des fonds souverains, souligne M. Gignac. Il y a eu peu d'annonces de tels investissements dans des sociétés financières par ce genre d'investisseurs récemment. Mais nous pensons que lorsque ces annonces arriveront, la confiance des investisseurs dans les services financiers américains renaîtra.»

Bref, il faudra s'armer de patience.