La rumeur d'une action de l'Autorité des marchés financiers courait depuis des mois chez Triglobal. Les 263 représentants en épargne collective du cabinet de courtage n'ont pas attendu que l'AMF ferme la boîte pour chercher un autre employeur.

La rumeur d'une action de l'Autorité des marchés financiers courait depuis des mois chez Triglobal. Les 263 représentants en épargne collective du cabinet de courtage n'ont pas attendu que l'AMF ferme la boîte pour chercher un autre employeur.

En fait, une vingtaine des représentants les plus prospères qui travaillaient au siège social de Triglobal à Westmount ont signé une semaine avant Noël une entente par laquelle ils sont passés à Investia, une filiale de l'Industrielle-Alliance, de Québec. Ces représentants amènent à Investia près de 300 M$ en actifs sous gestion, a appris La Presse.

Selon l'AMF, pas moins de 67 représentants ont dit bye-bye à Triglobal depuis juin 2006 (après le premier article de La Presse sur Triglobal), dont 49 depuis octobre dernier.

Par ailleurs, un autre mouvement massif de la majorité des 196 représentants encore à Triglobal se dessinait tout récemment.

Le 21 décembre, juste avant la mise sous tutelle de Gestion de capital Triglobal par un tribunal de Montréal, Triglobal a signé une lettre d'intention par laquelle elle s'engageait à vendre ses activités en épargne collective au Groupe Promutuel, de Québec.

Le principal entremetteur de cette transaction, le courtier de Triglobal, Normand Caty (également président de CMA Assurances), a même annoncé la nouvelle par un communiqué restreint destiné seulement aux courtiers Triglobal. Jeudi, M. Caty a dit qu'il ne savait pas si la transaction allait se faire mais, à Promutuel, on se dit modérément optimiste malgré tout.

«Nous pensons que nous avons une lettre d'intention valable signée avant la mise sous tutelle et que l'administrateur provisoire est lié», a dit à La Presse Me Jean G. Morency, l'avocat qui représente Promutuel. Il n'a pas voulu dire combien Promutuel envisage de payer pour les restes du réseau de Triglobal.

Promutuel n'a pas peur des cas lourds. C'est la même firme, très opportuniste, qui avait racheté à bas prix et redressé le cabinet de courtage Tandem, filiale de vente du Groupe Norbourg, à l'automne 2005, six semaines après la mise en liquidation des fonds communs Norbourg.

Après tout, seule une petite minorité de courtiers sont soupçonnés d'avoir trempé avec les dirigeants de Triglobal dans le placement de fonds offshore illégaux. La majorité des courtiers gèrent de l'argent placé par leur clients dans les grands fonds communs, comme Manuvie, Fidelity, CI, Trimark, etc...

Hier, sans avoir lu la lettre d'intention, l'administrateur provisoire qui gère la tutelle de Triglobal prenait grand soin de ne pas écarter cette transaction potentielle. «Cette lettre d'intention n'est pas nécessairement contraire à l'intérêt supérieur des investisseurs ni à la préservation des actifs de Triglobal», a dit hier Jean Robillard, du cabinet d'experts-comptables Raymond Chabot Grant Thornton.