Le Canada n'a pas l'intention d'imiter la Norvège et d'autres pays qui ont créé des fonds de patrimoine nationaux pour investir leurs revenus pétroliers et gaziers dans des devises étrangères, a fait savoir récemment Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances.

Le Canada n'a pas l'intention d'imiter la Norvège et d'autres pays qui ont créé des fonds de patrimoine nationaux pour investir leurs revenus pétroliers et gaziers dans des devises étrangères, a fait savoir récemment Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances.

«Nous n'avons aucun projet pour faire quelque chose d'extraordinaire», indiquait M. Flaherty la semaine dernière lors d'une entrevue à Ottawa.

«C'est dans l'intérêt supérieur de l'économie du Canada de continuer à faire en sorte que la valeur de sa devise soit déterminée par des marchés qui fonctionnent correctement», avait-il précisé.

Des exportateurs de pétrole tels que la Norvège et la Libye ont créé des comptes spéciaux pour empêcher que l'augmentation de leurs revenus énergétiques pousse à la hausse leur propre devise, tout en mettant de l'argent de côté pour les générations futures. Au cours des cinq dernières années, le huard s'est apprécié de 55% par rapport au dollar américain, ce qui a contraint des usines d'automobiles et des scieries à fermer leurs portes au moment où les exportations canadiennes sont devenues moins compétitives.

La richesse tirée du pétrole produit par l'Alberta notamment a propulsé le huard à parité avec la devise américaine pour la première fois depuis 1976, ce qui a mis à mal les usines du centre du Canada qui exportent la moitié de leur production. En cinq ans, les manufacturiers ont dû licencier 314 000 travailleurs.

Hier, le huard a atteint un sommet de cinq semaines tandis que le prix du pétrole brut grimpait à plus de 96 $ US le baril. Ainsi, peu après midi hier, le huard se transigeait à 98,08 ¢ pour un dollar américain à Toronto. Plus tôt dans la journée, il se négociait à 97,85 ¢ pour un dollar américain, un sommet depuis le 21 novembre dernier. Un dollar canadien achète 1,0195$ US.

«Il existe de meilleures façons de gérer les rentrées de devises étrangères que de tout simplement laisser le dollar canadien s'apprécier et aucun effort n'a été fait pour mettre de côté une partie de ces fonds», souligne Carl Weinberg, économiste en chef de High Frequency Economics, à Valhalla, dans l'État de New York.

Selon M. Weinberg, Mark Carney, qui deviendra le nouveau gouverneur de la Banque du Canada le 1er février prochain, devrait «se rendre en Norvège et s'informer auprès des Norvégiens de leur fonds de 377 G$ US».

Stephen Harper, le premier ministre canadien, a déjà indiqué que le Canada est devenu une «superpuissance énergétique» qui compte sur les investissements privés pour exploiter ses réserves. Son gouvernement est à examiner s'il doit changer les règles de propriété étrangère touchant les compagnies canadiennes. Plus tôt ce mois-ci, il souligné comment il prévoit protéger les sources d'énergie des fonds de patrimoine nationaux.

Morgan Stanley, deuxième maison de courtage en importance aux États-Unis, prédit que les fonds de patrimoine nationaux sont susceptibles de contrôler un montant de 12 000 G$ US d'ici une décennie au moment où la Russie, la Chine et d'autres économies plus modestes comme la Bolivie investissent les retombées tirées de l'énergie et d'autres exportations.

Dans une autre déclaration, M. Flaherty a pour sa part annoncé que les constructeurs d'automobiles et les producteurs de bois d'oeuvre dans «les villes à industrie unique» pourraient profiter d'une certaine aide à l'occasion du budget fédéral de l'an prochain.

«Il y a des communautés que la croissance économique ignore parce que, par exemple, la scierie locale ferme ses portes», a dit M. Flaherty. Le ministre a ajouté que l'aide aux usines pourrait être l'un des faits saillants du prochain budget, qui ne contiendra pas d'importantes baisses d'impôts ou des programmes de dépenses, avait fait savoir M. Harper la semaine dernière.

«La mise à jour fiscale» du gouvernement fédéral présentée en octobre dernier comprenait des réductions d'impôts de 60 G$.

M. Flaherty a aussi fait écho aux commentaires de M. Harper la semaine dernière indiquant que le gouvernement ne viendra pas à la rescousse des investisseurs canadiens qui possèdent pour environ 33 G$ en titres de dette de court terme dont la valeur a dégringolé.