Face à la perspective d'une récession aux conséquences économiques et sociales dévastatrices, les États-Unis devront probablement envisager un plan de relance qui pourrait être adopté avant même l'entrée en fonction du prochain président en janvier.

Face à la perspective d'une récession aux conséquences économiques et sociales dévastatrices, les États-Unis devront probablement envisager un plan de relance qui pourrait être adopté avant même l'entrée en fonction du prochain président en janvier.

La présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a déjà demandé au Congrès de se réunir juste après la présidentielle du 4 novembre afin d'étudier un plan pour «reconstruire l'Amérique» doté d'une enveloppe de 150 G$ US.

Une idée soutenue par le lauréat 2008 du prix Nobel d'Économie, Paul Krugman et par le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn qui a enjoint les États en mesure de le faire d'adopter de telles mesures après le sauvetage du secteur financier.

«Il semble que le Congrès essaiera d'approuver un plan de relance en novembre, après l'élection», a estimé Maya McGuineas, spécialiste des questions budgétaires à l'institut New America, basé à Washington.

Au début de 2008, les États-Unis avaient déjà adopté un plan de relance à l'initiative du président George W. Bush, comprenant de généreuses baisses d'impôts, mais qui s'avère aujourd'hui insuffisant.

«Il est très probable que nous ayons un plan de relance», a renchéri Max Wolff, professeur d'économie à la New School de New York, pour qui de telles mesures devraient pousser le déficit budgétaire du pays, déjà au niveau record de 455 G$ US, à «près de 1000 milliards fin 2009».

«C'est très dangereux pour l'économie américaine et mondiale, mais il n'y a pas vraiment le choix, car les filets de sécurité sociaux sont bien moindres aux États-Unis qu'en Europe, ce qui nous rend très vulnérables», a-t-il noté.

D'après Barry Bosworth, expert économique de la Brookings Institution, un nouveau plan de relance est «nécessaire» et devrait reprendre le modèle des baisses d'impôts du printemps, mais sur des montants «trois fois plus élevés».

Surtout, la relance devra entrer en vigueur le plus vite possible: «Si on attend janvier, ce sera une nouvelle année fiscale, et il faudra probablement attendre avril pour que les remises d'impôts soient envoyées, ce qui serait trop tard», a-t-il fait valoir.

M. Wolff s'attend lui à «une première version du plan après l'élection et avant l'entrée en fonction de la nouvelle administration», mais table sur un plan plus complet «dans les 100 premiers jours de la nouvelle présidence».

Pour lui, l'option la plus efficace serait une augmentation des dépenses publiques, notamment «des indemnités chômage et des dotations fédérales aux États en difficulté qui sans cela vont devoir réduire leurs services et donc les emplois».

Maya McGuineas veut croire que, face aux risques d'une récession prolongée, les démocrates et républicains oublieront leurs divisions: «au printemps, le Congrès avait réussi à passer très rapidement un plan de relance consensuel au-delà des partis», remarque-t-elle.

Max Wolff croit aussi que les Républicains devraient voter un tel plan, même s'il ne doute pas que «certains s'y opposeront et probablement réussiront à l'altérer».

Plus pessimiste, Barry Bosworth craint un blocage de la part du camp républicain: «je ne les vois pas faire de cadeaux aux Démocrates».

Si l'influent représentant républicain Roy Blunt a dit qu'il «travaillerait bien sûr à un plan de relance qui ait un sens», John Boehner, leader du parti républicain à la chambre des représentants, accusait encore vendredi le projet démocrate de «vouloir redistribuer la richesse (du pays) avec un plan de relance de 300 G$ US» accompagné de «hausses d'impôts».

L'administration Bush a d'ailleurs réagi froidement à l'appel démocrate pour une session parlementaire, en arguant que le plan de sauvetage bancaire de 700 G$ US devrait suffire.