Certains prophètes prédisent des malheurs pour l'immobilier canadien, semblables à ceux que vivent les États-Unis. Or, une étude de Marchés mondiaux CIBC, qui se base notamment sur la santé financière des familles, vient contredire ces sombres prévisions.

Certains prophètes prédisent des malheurs pour l'immobilier canadien, semblables à ceux que vivent les États-Unis. Or, une étude de Marchés mondiaux CIBC, qui se base notamment sur la santé financière des familles, vient contredire ces sombres prévisions.

«Presque toutes les mesures le confirment: les ménages américains sont entrés dans la crise immobilière actuelle dans une position plus vulnérable que celle des Canadiens», explique l'économiste Benjamin Tal, de CIBC, dans une nouvelle étude.

Les Canadiens sont relativement moins endettés que les Américains. Leur dette personnelle par habitant est de 35 000$CAN comparativement à 62 000$US pour les Américains. La dette hypothécaire des ménages canadiens est également plus faible et correspond à 80% de leurs revenus par rapport à 120% pour les voisins du Sud. Même constat pour la dette de consommation (52% comparativement à 66%).

L'étude de Benjamin Tal contredit en partie les propos de l'économiste américain Robert Shiller et l'étude de l'économiste montréalais Maurice Marchon. Selon M. Shiller, le prix des maisons ne fera pas que plafonner, mais amorcera un repli.

De son côté, Maurice Marchon estime que le marché canadien est surévalué, puisque le prix des maisons a grimpé de 73% au Canada depuis six ans pendant que le revenu personnel disponible par habitant n'augmentait que de 29,5%.

Benjamin Tal voit les choses autrement. Au sommet de la bulle, explique-t-il, 33% des hypothèques aux États-Unis étaient à risque moyen ou à haut risque (subprimes) comparativement à 5,4% au Canada.

Or, le marché immobilier américain s'est surtout effondré dans les régions où la présence d'hypothèques à haut risque est plus importante. La baisse de prix avoisine les 30% en deux ans dans les régions où la proportion d'hypothèques subprimes dépasse 30%, par rapport à une baisse de prix de moins de 10% dans les secteurs où seulement 10% des hypothèques étaient risquées.

Autre élément: au Canada, les maisons demeurent 20% plus abordables aujourd'hui qu'avant la déconfiture de 1990. Cette différence s'explique par les faibles taux d'intérêt actuels. Pour devenir aussi peu abordables qu'en 1990, les taux d'intérêt devraient doubler, fait-il valoir.

Benjamin Tal constate également la grande différence entre les marchés immobiliers à l'est et à l'ouest de la Saskatchewan. Par exemple, les prix ont reculé de 8,5% à Calgary depuis le début de l'année, eux qui avaient doublé entre 2004 et 2008. Ce n'est pas le cas des marchés québécois et ontarien, dont les hausses ont été plus graduelles.

Enfin, la part du marché immobilier canadien qui a fait l'objet de spéculation ces dernières années avoisine les 2%, comparativement à plus de 9% aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.

«Sans les subprimes aux États-Unis, au lieu de la pire déconfiture du marché depuis la grande dépression, on aurait assisté à un cycle de ralentissement modéré, ce qui correspond à ce que vit le Canada présentement», dit-il.