Malgré la nervosité, les consommateurs financiers du Québec évitent encore les réactions trop vives à la crise financière sans précédent aux États-Unis, assure-t-on chez les principales institutions.

Malgré la nervosité, les consommateurs financiers du Québec évitent encore les réactions trop vives à la crise financière sans précédent aux États-Unis, assure-t-on chez les principales institutions.

Néanmoins, elles constatent que leurs clients investisseurs ou emprunteurs posent beaucoup plus de questions qu'auparavant.

Et ils sont manifestement plus hésitants et prudents dans leurs choix financiers, en attendant une baisse de tension sur les marchés.

«Les clients sont un peu nerveux, certes, mais certainement pas paniqués. Ils nous questionnent surtout sur notre perception de la crise américaine et ses impacts sur les marchés financiers au Canada, pour les investissements ou l'évolution des taux», résume An-Lap Vo-Dignard, conseiller principal à la Financière Banque Nationale, à sa succursale-chef au centre-ville de Montréal.

«Nos clients bien renseignés ne manifestent pas d'inquiétude outre mesure, parce qu'ils ont confiance envers le système bancaire canadien», soutient pour sa part Raymond Chouinard, principal porte-parole au Québec pour la Banque Royale (RBC).

«Néanmoins, des clients qui ont vécu des crises financières à l'étranger où ils ont perdu beaucoup sont davantage préoccupés. Ils posent plus de questions en succursales sur les mécanismes d'assurance-dépôts, par exemple.»

De telles questions de sûreté financière ont aussi été adressées à des assureurs-vie qui vendent aussi des produits de placements, comme l'Industrielle-Alliance.

Selon son porte-parole, Jacques Carrière, «la déroute du plus gros assureur américain (AIG) a provoqué des pertes sur placements de quelques centaines de millions parmi de gros assureurs canadiens, comme Manuvie et Sun Life. Cette situation a inquiété certains de nos représentants et de nos clients à l'Industrielle-Alliance même si notre risque est minime, avec seulement 15 millions US en obligations de AIG.»

Par ailleurs, la teneur des décisions financières des particuliers a changé ces dernières semaines.

Les emprunteurs recherchent la stabilisation de leur taux d'intérêt. Les investisseurs privilégient la protection de leur capital.

«Presque tous les emprunteurs hypothécaires vont maintenant vers des taux fixes sur trois à cinq ans. Ils appréhendent une prochaine hausse des taux provoquée par le crise financière», indique Lorraine Trudeau, directrice chez le courtier hypothécaire Multi-prêts.

«Les prêts à échéance et taux variables n'intéressent vraiment plus les emprunteurs. D'autant que les institutions prêteuses ont rehaussé leur taux variable, annulant presque leur écart avantageux d'antan face aux taux fixes.»

Quant aux investisseurs particuliers, ils ont bifurqué vers les produits très traditionnels pour leurs capitaux disponibles à court terme.

À l'Industrielle-Alliance, par exemple, les capitaux placés dans des fonds d'investissement dits «distincts», c'est-à-dire assortis d'une protection du capital, augmentaient encore récemment. En contrepartie, l'actif des fonds réguliers stagnait.

«Malgré leur faible rendement, les placements garantis à court terme comme les certificats de dépôt sont vraiment plus populaires. Avec les autres produits de placement, c'est plutôt tranquille», indique pour sa part Denis L'Hostie, directeur de la planification financière des particuliers à la Banque Laurentienne.

Néanmoins, souligne-t-il, des clients investisseurs "plus aguerris" ont ravivé leur recherche de placements considérés à rabais.

Constat comparable à la Financière Banque Nationale.

«Des clients qui ont des capitaux à investir s'enquièrent davantage des opportunités, indique le conseiller principal An-Lap Vo-Dignard.

«Néanmoins, leur démarche demeure hésitante. Et ceux qui réinvestissent le font encore de façon très progressive.»