L'essence qui grimpe à 1,50$, les actions qui piquent du nez, les banques qui resserrent leurs conditions de crédit... La crise du crédit a eu des conséquences importantes dans la vie des Canadiens.

L'essence qui grimpe à 1,50$, les actions qui piquent du nez, les banques qui resserrent leurs conditions de crédit... La crise du crédit a eu des conséquences importantes dans la vie des Canadiens.

La crise du crédit est l'acteur principal sur la scène financière depuis maintenant un an. Même si aux yeux de plusieurs Canadiens, cette crise demeure abstraite, elle a eu des répercussions importantes sur les entreprises, les consommateurs et les investisseurs.

«Il ne faut pas chercher les conséquences dans nos bungalows», lance Vincent Delisle, stratège à Scotia Capitaux. En effet, le marché immobilier canadien s'est maintenu à flot, tandis que le prix des maisons s'écroulait aux États-Unis.

Néanmoins, la crise du crédit a eu des impacts très tangibles au Canada: «Le litre d'essence à 1,50$. L'inflation dans le prix des aliments. Les vacances pas chères dans le Maine», énumère M. Delisle.

Où est le lien? La crise du crédit a forcé la Réserve fédérale américaine à réduire son taux d'intérêt de 5,25% à 2% en quatre mois. Cela a entraîné la chute du dollar américain (et par conséquent la hausse du huard). Les investisseurs ont délaissé le billet vert et le marché des actions. Ils se sont réfugiés dans les matières premières et les denrées... dont les prix ont explosé.

Le baril de pétrole, qui valait 85$US l'été dernier, a grimpé jusqu'à 147$US, porté par l'envie irrépressible des investisseurs de toujours pousser les tendances jusqu'à leur extrême limite, constate M. Delisle.

Non seulement la crise a indirectement entraîné la hausse du prix du carburant et l'augmentation du dollar canadien, mais elle a aussi «amplifié le ralentissement économique aux États-Unis. Par ricochet, cela a touché les exportateurs canadiens, surtout dans le secteur de la construction», note Mathieu D'Anjou, économiste principal à Desjardins.

La crise du crédit a aussi infligé des pertes importantes aux investisseurs. Depuis 12 mois, les Bourses mondiales sont en déroute. La Bourse américaine est en baisse de 12%. Les actions ont dégringolé de 20% en Europe, de 25% au Japon et de 40% en Chine.

La Bourse canadienne, très concentrée dans les ressources naturelles, est l'une des seules au monde qui soit presque au même niveau qu'il y a un an. «Mais je doute que l'investisseur moyen s'en soit tiré aussi bien. Fort probablement, ceux qui ont un portefeuille d'actions diversifié ont subi une perte de 5 à 10%», avance M. Delisle.

D'ailleurs, toutes les grandes catégories de fonds communs d'actions sont dans le rouge depuis un an, selon les données préliminaires de Morningstar.

Les fonds d'actions canadiennes ont perdu 1,5%. Mais les fonds d'actions à dividende, composés presque pour moitié de titres financiers, ont plongé de 4,5%. Les fonds d'actions étrangères ont encaissé des pertes de 6% (marchés émergents) à 22% (Japon).

Ces contre-performances ont eu un effet considérable sur l'épargne des ménages canadiens. «C'est majeur!» soutient Danny Bélanger, économiste à Desjardins.

Les actifs financiers des ménages (placements garantis, actions, fonds communs, REER, etc.) ont gonflé de seulement 61 milliards au cours des 12 derniers mois (terminés le 30 juin). L'augmentation de leurs actifs s'était chiffrée à 282 milliards un an plus tôt.

C'est donc dire que les Canadiens se sont enrichis presque cinq fois moins vite, à cause de la débâcle des marchés financiers.

Réaction prévisible, les particuliers ont couru aux abris. Depuis le début de la crise, les Canadiens ont dirigé leurs nouvelles épargnes vers les placements garantis. «Les dépôts à terme et les CGP, ç'a été très fort», dit M. Bélanger.

Quant à ceux qui ont investi dans les fonds communs de placement, ils se sont contentés de placer leurs nouvelles épargnes dans des fonds de marchés monétaires... sans risque.