La tâche ne doit pas être de tout repos parce que depuis 10 ans, trois personnes différentes se sont assises dans le siège du président du Conseil du patronat du Québec. Le poste est de nouveau vacant, et la chasse à son remplaçant est commencée.

La tâche ne doit pas être de tout repos parce que depuis 10 ans, trois personnes différentes se sont assises dans le siège du président du Conseil du patronat du Québec. Le poste est de nouveau vacant, et la chasse à son remplaçant est commencée.

«Le président qu'on recherche est un rassembleur et un communicateur, résume le président du conseil d'administration du Conseil du patronat, John Le Bouthillier. On veut maintenir le leadership Conseil du patronat dans les grands débats publics.» Dès l'annonce du départ de Michel Kelly-Gagnon, le 11 novembre, un comité du conseil d'administration s'est mis à la tâche pour lui trouver un successeur. Un mandat devrait être donné sous peu à une firme de chasseurs de tête, comme ce fut le cas lors des départs précédents.

Michel Kelly-Gagnon est resté un peu plus de deux ans à la tête de l'organisme. De son propre aveu, il n'était pas à sa place. «La liberté d'action et de parole propre à un think tank me manquait beaucoup», a-t-il dit lors de l'annonce de son départ.

Retour au think tank

M. Kelly-Gagnon retourne donc à son think tank. Il repart diriger l'Institut économique de Montréal, un organisme qui défend ardemment la liberté économique et les valeurs dites de droite sur la place publique.

Il avait d'ailleurs commencé son règne comme président du Conseil du patronat en pourfendant les groupes communautaires et les professionnels de la contestation qui nuisent à la prospérité du Québec et qui sont, en plus, subventionnés par le gouvernement.

Cette sortie avait créé un malaise, même au sein du patronat, qui n'aime jamais faire trop de vagues dans l'opinion publique, et M. Kelly-Gagnon avait dû tempérer ses propos.

La liberté d'action et de parole d'un porte-parole des patrons du Québec a en effet ses limites, estime Ghislain Dufour, qui a passé 27 ans au Conseil du patronat dont 10 à la présidence.

Selon lui, le président du Conseil du patronat est un communicateur qui recherche un «consensus raisonnable», un peu comme le chef d'un parti politique. C'est le chef du parti de l'entreprise. «Tu l'as ou tu l'as pas», résume-t-il.

Comme d'autres qui l'ont côtoyé au CPQ, Ghislain Dufour estime que Michel Kelly-Gagnon a fait du bon travail pour aller chercher du financement et recruter de nouveaux membres.

Membres et financement

De «gros canons» comme Pierre Karl Péladeau, (Quebecor) et Réal Raymond (Banque Nationale) sont devenus membres de l'organisation sous le règne de Michel Kelly-Gagnon.

Mais les temps restent durs pour le CPQ, qui a perdu de son lustre d'antan. En 1993, le CPQ se targuait d'avoir 126 associations et 435 entreprises membres. Aujourd'hui, il affiche 50 associations et «quelques centaines» de membres individuels.

John Le Bouthillier explique que la multiplication des fusions et acquisitions a réduit le nombre de membres du CPQ. «Le recrutement de nouveaux membres fera toujours partie de la tâche du président», dit-il.

L'état des finances aussi. Avant d'annoncer son départ, Michel Kelly-Gagnon avait fait beaucoup d'efforts pour consolider les finances de l'organisme, notamment en augmentant les tarifs d'adhésion.