Pour la première fois, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, a concédé que le Canada pouvait être touché par une récession, laissant ainsi planer la possibilité d'une nouvelle baisse du taux directeur.

Pour la première fois, Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, a concédé que le Canada pouvait être touché par une récession, laissant ainsi planer la possibilité d'une nouvelle baisse du taux directeur.

Les perspectives touchant la croissance économique et l'inflation «semblent avoir tourné vers le pôle négatif», a indiqué M. Carney, 43 ans, pendant un discours qu'il prononçait hier à Londres. Il faisait alors allusion à un document de prévision du 23 octobre dernier affirmant que l'économie serait en repli au cours du présent trimestre et qu'elle stagnerait pendant la première partie de l'an prochain.

Après son allocution, il a été plus affirmatif quant au risque de récession de l'économie canadienne. «Avec une croissance nulle pour les deux premiers trimestres de 2009... la récession est désormais possible pour le Canada», a-t-il déclaré aux membres de la presse.

M. Carney a abaissé les taux d'intérêt d'un quart de point à 2,25% le mois dernier et le 9 novembre, il avançait qu'une récession au Canada était une «possibilité». La huitième économie au monde pâtit de la baisse des exportations d'autos et de bois d'oeuvre aux États-Unis de même que de la chute des prix des matières premières, comme le pétrole, ainsi que du resserrement du crédit.

Avery Shenfeld, économiste de CIBC Marchés mondiaux, à Toronto, voit dans le discours de M. Carney hier une indication qu'il pourrait ramener le taux directeur de la Banque du Canada à 1,75% lors de sa prochaine décision le 9 décembre prochain.

«La récession mondiale s'aggrave et la demande a chuté de manière marquée dans toutes les grandes régions au cours des dernières semaines, a dit M. Carney. Malgré le fait que les taux d'intérêt officiels ont été sabrés de moitié au cours de la dernière année et que le secteur financier fonctionne encore efficacement, il est vraisemblable qu'il faudra encore du stimulant monétaire.»

M. Carney a indiqué que son évaluation de l'économie ne se détériorerait pas beaucoup plus si General Motors, Chrysler ou Ford réclamaient la protection de la loi sur les faillites. Ces entreprises ont des usines en Ontario et elles comptent parmi les plus importants employeurs au pays.

«Nous en tiendrions compte, mais je n'aurais pas recours à des mesures extrêmes», a dit M. Carney au cours d'une conférence de presse. Les ventes d'autos au pays demeurent fortes, soutient-il, de même que le marché de l'emploi et la situation financière des consommateurs. Le Canada a ajouté 106 900 emplois en septembre, un record, et 9500 postes de plus le mois dernier.

«Non seulement la Banque du Canada va vraisemblablement abaisser les taux, soutient Éric Lascelles, économiste en chef et stratège chez TD Securities à Toronto, mais elle pourrait se sentir obligée de le faire d'une façon passablement vigoureuse.»

Il prédit donc une réduction d'un demi-point, à 1,75%, au cours de la réunion de décembre ajoutant «qu'étant donné le ton de la déclaration, il semble qu'il y ait de fortes possibilités que le taux des prêts d'un jour soit abaissé encore davantage à un moment donné».

De son côté, M. Carney, qui a surpris les investisseurs trois fois avec des décisions touchant les taux depuis qu'il est aux commandes de la Banque du Canada en février dernier, a indiqué qu'il doit favoriser ce qui est le mieux pour l'économie plutôt que les attentes du marché.