Les dirigeants des principales puissances économiques et des pays émergents réunis au sein du G20 ont rendez-vous vendredi et samedi à Washington pour un sommet qui doit lancer une réforme en profondeur du système financier international.

Les dirigeants des principales puissances économiques et des pays émergents réunis au sein du G20 ont rendez-vous vendredi et samedi à Washington pour un sommet qui doit lancer une réforme en profondeur du système financier international.

Et ce malgré les réserves du président américain George W. Bush et en l'absence du président élu Barack Obama.

Objectif affiché: faire en sorte que la crise financière qui secoue le monde depuis le mois de septembre, menaçant de le plonger dans la récession, ne puisse plus se reproduire. Reste encore à s'entendre sur les moyens.

Lors d'un discours prononcé à New York, George W. Bush a défendu vigoureusement jeudi le capitalisme, alors que les Européens, Nicolas Sarkozy en tête, plaident pour sa «refondation», et en tout cas une meilleure régulation des marchés financiers, en pointant du doigt la responsabilité américaine dans la crise.

«La crise n'était pas un échec du système de l'économie de marché», a rétorqué George W. Bush. «Et la réponse n'est pas d'essayer de réinventer ce système.»

«L'intervention du gouvernement n'est pas la panacée», a-t-il mis en garde. Quant aux accusations sur la responsabilité des États-Unis dans la crise, «de nombreux pays européens avaient des réglementations beaucoup plus importantes et ont pourtant expérimenté des problèmes presque identiques aux nôtres», a-t-il dit.

M. Bush, qui doit accueillir les dirigeants du G20 vendredi soir pour un dîner à la Maison-Blanche, s'est toutefois dit favorable à une réforme de l'économie internationale pour la consolider à long terme, affirmant que les dirigeants réunis ce week-end «discuteraient des actions spécifiques que nous pouvons prendre».

Réunis le 7 novembre dernier à Bruxelles, les États membres de l'Union européenne se sont quant à eux entendus pour demander d'une même voix au reste du monde de renforcer concrètement les règles de la finance mondiale dans les 100 jours qui suivront le G20 de Washington.

Ils proposeront en particulier aux autres grandes puissances d'imposer rapidement une régulation «ou au moins (une) surveillance» à toutes les institutions financières. Les grands groupes financiers internationaux, les fonds spéculatifs, les agences de notation et les paradis fiscaux, dont certains sont sous le contrôle de pays européens, seraient tous concernés.

L'Europe souhaite également convaincre ses partenaires de renforcer le rôle du Fonds monétaire international (FMI) pour en faire «le pivot d'un système international rénové». L'Union réclame «un système d'alerte précoce» pour identifier les risques de crise ou de «bulles».

Les 27 défendent enfin une «convergence des normes comptables» et un «code de bonne conduite pour éviter la prise de risque excessive» dans la finance, y compris par le biais des rémunérations des traders.

Côté français, on se voulait optimiste jeudi sur la conclusion d'un accord ambitieux à Washington. Dans le projet de conclusions encore en discussion, «on trouve ce que nous avions mis en tête de nos priorités et qui a été agréé à Bruxelles», affirmait un proche de Nicolas Sarkozy.

Le sommet devrait aboutir selon lui à un «menu long, détaillé et précis», avec un «délai» précis: jusqu'au prochain sommet qui devrait se tenir au printemps prochain. Les Européens souhaitaient «que le communiqué final prenne un maximum de décisions les plus concrètes possibles et on a satisfaction», assurait ce proche du chef de l'État.

À deux mois de la fin de son mandat, M. Bush ne paraît pourtant guère en position de prendre des décisions ambitieuses. N'aurait-il pas mieux valu attendre l'investiture de Barack Obama, le 20 janvier prochain? «La crise c'est maintenant. Les réponses, ce doit être le plus vite possible», rétorque-t-on à l'Élysée.

Si Nicolas Sarkozy et Barack Obama ne se rencontreront pas avant le 20 janvier, l'entourage du président élu a été associé à la préparation du sommet.

Pourtant, il n'est pas certain que Barack Obama s'engage davantage que George W. Bush. «Je ne pense pas que nous sommes prêts à accepter autant de régulations que ce que les Européens suggèrent, en particulier les Français», résume Charles Freeman, du Centre des études stratégiques et internationales.

Les représentants du Vieux continent seront présents en force à Washington. Outre le président en exercice de l'Union européenne Nicolas Sarkozy, seront également présents la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique Gordon Brown, et l'italien Silvio Berlusconi.

Le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero et le premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende, dont les pays ne sont pas membres du G20, ont aussi réussi à se glisser dans la délégation européenne.

Outre les dirigeants russe, canadien, et japonais - membres du G8 -, seront également présents 12 autres pays: Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie.

Au total, le G20 représente 90% du produit mondial brut, 80% du commerce mondial et deux tiers de la population du monde.