CGI (T.GIB.A) a peut-être ralenti au quatrième trimestre, mais l'entreprise se défend d'être victime du contexte économique. Au contraire, elle affirme vouloir profiter de la crise pour mettre la main sur de nouveaux clients...et peut-être même sur une entreprise rivale.

CGI [[|ticker sym='T.GIB.A'|]] a peut-être ralenti au quatrième trimestre, mais l'entreprise se défend d'être victime du contexte économique. Au contraire, elle affirme vouloir profiter de la crise pour mettre la main sur de nouveaux clients...et peut-être même sur une entreprise rivale.

Le spécialiste des technologies de l'information a annoncé hier sa plus faible croissance depuis deux ans au quatrième trimestre avec des revenus de 929 millions de dollars, moins que les 958 millions prévus par les analystes.

Les profits s'élèvent à 292 764$, ou 24 cents par action, mais ont été gonflés par un élément fiscal inhabituel. En l'excluant, les analystes les évaluent à 21 cents par action, soit 1 cent sous leurs prévisions.

Mais n'allez pas demander à Lorne Gorber, vice-président aux communications de l'entreprise, si l'écart entre les résultats et les prévisions des analystes est attribuable au ralentissement économique. «Non, pas du tout. Il est attribuable aux modèles des analystes qui n'ont pas été mis à jour», répond-il du tac au tac. CGI a insisté, hier: non seulement elle n'est pas victime du ralentissement économique, mais elle va en profiter. «Nous sommes une entreprise contre-cyclique», soutient M.Gorber.

Selon lui, les analystes ont omis de considérer que CGI a vendu une unité d'affaires l'été dernier qui rapportait environ 70 millions de dollars par année, soit quelque 20 millions par trimestre.

Moins dépendant de BCE

Les analystes, eux, pointent plutôt du côté de BCE, un gros client de CGI qui a fait entrer moins d'argent dans les coffres l'été dernier. Les sociétés pétrolières canadiennes ont aussi moins fait appel à CGI.

CGI explique que BCE connaît toujours des trimestres plus tranquilles en été et se dit confiante que les revenus reviendront rapidement aux niveaux habituels. L'entreprise souligne aussi à quel point sa dépendance envers Bell a diminué au fil des années.

«Il y a 10 ans, BCE comptait pour 50% de nos revenus. On est rendu à autour de 10%», dit M. Gorber. Pour ce qui est de la baisse des revenus du secteur pétrolier, M. Gorber explique que les chiffres sont faussés parce qu'on les compare avec ceux de l'an dernier, qui avaient été gonflés par la vente d'un logiciel aux sociétés pétrolières leur permettant de calculer les redevances à verser aux gouvernements.

L'analyste Eric Bernofsky, de Valeurs mobilières Desjardins, admet que les derniers résultats soulèveront des inquiétudes par rapport à la performance de CGI en période de ralentissement économique. Il incite toutefois à regarder une statistique: le carnet de commandes de l'entreprise, qui s'est renfloué de 22% au quatrième trimestre.

«Nous croyons que cette donnée est plus pertinente que les revenus qui ont raté les prévisions, écrit l'analyste. Elle devrait réconforter les investisseurs quant à la validité du modèle d'affaires de CGI dans un contexte économique sans précédent.»

En fait, CGI compte carrément sur la crise financière pour faire grandir son entreprise.

«On voit le contexte économique difficile comme une opportunité, et sur deux fronts», a dit hier Michael Roach, président et chef de la direction, au cours d'une téléconférence avec les analystes.

Des acquisitions en vue?

Premier front: M. Roach croit que c'est quand ça va mal que les entreprises décident de confier la gestion de leurs technologies de l'information à des firmes spécialisées comme la sienne. Plusieurs entreprises doivent réduire leurs coûts de toute façon, et CGI va actuellement cogner aux portes de manière plus dynamique pour convaincre les entreprises de lui laisser en gérer des parties.

Le deuxième front, c'est celui des acquisitions. «On voit des occasions. Les évaluations ont diminué significativement», a dit M. Roach hier. Si CGI n'a pas voulu dévoiler de cibles précises, certains soulignent qu'une entreprise comme CSC (Computer Science Corporation) génère des revenus annuels de 19 milliards de dollars mais vaut actuellement moins que 5 milliards en Bourse. Même chose pour la française Atos Origin, qui présente un chiffre d'affaires de près de 6 milliards d'euros... pour une capitalisation boursière trois fois plus faible.

Le titre de CGI a gagné 9 cents, ou 0,96% hier, à Toronto pour clôturer à 9,50$, tandis qu'il perdait 5 cents US à New York où il a terminé à 7,95 US.