La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a refusé hier de s'engager à ce que les contribuables ne soient pas touchés par des hausses de cotisations aux régimes d'assurances publics, conséquence des déboires de la Caisse de dépôt et placement (CDP).

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a refusé hier de s'engager à ce que les contribuables ne soient pas touchés par des hausses de cotisations aux régimes d'assurances publics, conséquence des déboires de la Caisse de dépôt et placement (CDP).

«Je ne vais pas prendre d'engagement», a lancé sans détour la ministre, appelée à commenter le reportage de La Presse d'hier. On y indiquait que le message transmis par la Caisse de dépôt aux importants «déposants» laissait prévoir un rendement négatif de 20% pour l'année 2008. Le chiffre exact ne sera toutefois connu qu'en février prochain, moment où la Caisse fera le bilan de ses placements annuels.

Une baisse de 20% signifie une perte de 30 milliards de la valeur théorique des actifs. Plusieurs régimes d'assurances publics importants -la Régie des rentes, la Commission de la santé et de la sécurité du travail, la Société de l'assurance automobile et les régimes de retraite des fonctionnaires et des employés de la construction- ont placé leur caisse de stabilisation à la CDP.

Hier, Mme Jérôme-Forget a rappelé que, dans la plupart des cas, les taux étaient fixés sur des moyennes établies pour 10 ans, «pour éviter que les taux se promènent en zigzag» au fil des rendements volatils d'année en année. «Nous allons bâtir les taux sur une période avec les rendements connus. En février, on pourra juger de l'impact de cette année sur les neuf autres années», a-t-elle dit.

Les régimes d'assurances ont besoin d'une croissance moyenne de 7%, et la Caisse, depuis cinq ans, a enregistré des rendements deux fois supérieurs, a souligné la ministre.

À l'Assemblée nationale, le chef adéquiste, Mario Dumont, et le critique financier du Parti québécois, François Legault, ont réclamé en vain que le gouvernement précise le rendement de la CDP. Pour eux, un recul de 30 milliards de la valeur des actifs de la Caisse (155 milliards) reflète ce qu'on entend dans les milieux financiers montréalais. «Si mon courtier refusait de me donner les chiffres quant à la valeur de mon portefeuille, le je congédierais», a lancé M. Legault.

Pour le péquiste, des indications provenant de la Caisse portent à croire que la CDP est aux prises avec un manque de liquidité qui la force à vendre des actions au rabais pour faire face à ses obligations dans les papiers commerciaux.

Pour lui, le gouvernement devrait avancer les liquidités dont la CDP a besoin pour éviter ces ventes d'actions au pire moment.