Grâce au programme de réfection des infrastructures et à une réserve plus grande que prévu, le gouvernement libéral affirme pouvoir éviter aux Québécois à la fois une récession et un déficit budgétaire, et cette année et l'an prochain.

Grâce au programme de réfection des infrastructures et à une réserve plus grande que prévu, le gouvernement libéral affirme pouvoir éviter aux Québécois à la fois une récession et un déficit budgétaire, et cette année et l'an prochain.

La récession américaine oblige cependant Québec à réviser substantiellement sa prévision de croissance pour 2008 et 2009. En 2008, l'expansion réelle est ramenée de 1,5% à 0,8% tandis que celle de l'an prochain fond de 2% à 0,6% seulement. Il s'agit des sixième et septième fois seulement depuis 1960 que la croissance n'atteint pas 1,0%.

Cette modeste expansion reste possible malgré la prévision d'une croissance nulle aux États-Unis, notre principal client, l'an prochain. En mars, Québec l'avait projetée à 1,8%.

Québec prévoyait alors aussi que les exportations internationales dont les trois quarts prennent la direction des États-Unis allaient enfin stimuler la croissance, après l'avoir freinée deux ans de suite. Ce ne sera pas le cas.

C'est en s'appuyant sur la consommation intérieure et sur les investissements publics que la croissance restera tout juste à flots.

«Le Québec est en bonne voie pour ne pas être en récession», a indiqué la ministre Monique Jérôme-Forget en conférence de presse. Avec une si faible expansion annuelle, une contraction économique durant deux trimestres d'affilée qui correspond à une récession technique reste cependant très plausible.

La ministre des Finances a préféré saluer les bienfaits du programme intensif de réfection des chaussées et des viaducs. Elle prévoit toujours 8 milliards à ce chapitre en 2008, 2009 et 2010, auxquels s'ajoutent près de 5 milliards par année en développement énergétique. Chaque milliard dépensé dans ce programme représente 8000 emplois, a-t-elle martelé.

Sans cet apport massif de l'État, et malgré plusieurs investissements privés de grande envergure en cours de réalisation, l'économie québécoise accuserait un déficit au chapitre de l'emploi en 2008 et 2009. La nouvelle projection fait état de seulement 46 700 nouveaux emplois en tout contre 86 300 pour la seule année 2007.

«Nous chauffons l'économie avec les infrastructures», a-t-elle résumé.

Il s'agit d'efforts que lui envieraient ses homologues provinciaux.

Épuiser la réserve

Québec aura besoin néanmoins d'épuiser la réserve accumulée au cours des deux exercices précédents pour afficher deux déficits zéro cette année et l'an prochain.

Par bonheur et comme dans un conte de fées, la sacoche de la ministre des Finances avait bel et bien un double fond qui cachait 484 millions. Cet excédent correspond à la sous-estimation du surplus de l'année financière 2007-2008, évalué en mars à 717 millions. Cela porte à 2,3 milliards la réserve budgétaire au moment où commençait le présent exercice.

Cette somme a été déposée à la Caisse de dépôt et placement et investie dans le marché monétaire, à l'abri de la tourmente financière présente, assurent de hauts fonctionnaires.

En outre, selon les plus récentes projections faites en date de la semaine dernière, Québec prévoit boucler l'exercice en cours en puisant 1,204 milliard dans sa réserve, soit 166 millions de moins que la somme prévue lors du dépôt du budget en mars.

L'équilibre de l'année en cours inclut une provision de 200 millions pour faire face à des impondérables. Tout solde de cette disposition spéciale ira gonfler la réserve pour le prochain exercice.

Cet excédent sur la prévision est rendu possible malgré le ralentissement qui prive le Trésor de 102 millions. Hydro-Québec apporte 300 millions de plus, les cigarettiers versent des indemnités de 115 millions en vertu d'un jugement, le service de la dette aura coûté 191 millions de moins que prévu, grâce à la baisse des taux d'intérêt à court terme. Enfin, les rentrées fiscales ont dépassé les attentes, en début d'exercice.

Voilà pourquoi la ministre avait aussi les moyens d'annoncer hier plusieurs petites mesures «ponctuelles plutôt qu'échevelées» aux allures de mini-budget.

Le ralentissement de l'économie va par contre priver l'an prochain le Trésor de 650 millions de plus que le manque à gagner de 447 millions prévu en mars. Ça tombe bien, il devrait rester 1,097 milliard dans la réserve pour permettre à nouveau la réalisation d'un déficit zéro.

Entre temps, les Québécois auront voté et le futur gouvernement aura tout le loisir de se livrer à un nouvel exercice budgétaire funambulesque.

LA MISE À JOUR EN BREFFORTE RÉVISION DES PERSPECTIVES DE CROISSANCE

SURPLUS IMPRÉVU DE 484 MILLIONS EN 2007-2008

RECOURS DE 2,3 MILLIARDS À LA RÉSERVE BUDGÉTAIRE EN 2008-2010

1 MILLIARD DE PLUS POUR LES ENTREPRISES

HAUSSE À 73 ANS DE LA LIMITE D'ÂGE POUR L'ÉCHÉANCE DES RPA ET REER

REPORT D'UNE ANNÉE DES REMBOURSEMENTS POUR LE RAP

HAUSSE DU CRÉDIT D'IMPÔT POUR REVENUS DE RETRAITE

HAUSSE DU TAUX D'INDEXATION SUR L'IMPÔT DES PARTICULIERS EN 2009