Du bout des lèvres, le premier ministre Jean Charest a évoqué jeudi la possibilité de commander, un jour, une enquête publique sur le rôle joué par le gouvernement dans le scandale financier Norbourg.

Du bout des lèvres, le premier ministre Jean Charest a évoqué jeudi la possibilité de commander, un jour, une enquête publique sur le rôle joué par le gouvernement dans le scandale financier Norbourg.

Mais, chose certaine, tous ceux qui veulent aller au fond des choses devront faire preuve de patience, car il n'y aura pas d'enquête tant que les procédures judiciaires en cours n'auront pas connu leur aboutissement, a tranché M. Charest.

C'est ce qu'il a indiqué, en Chambre, en réponse au tir groupé des chefs de l'opposition qui l'exhortaient une fois de plus à déclencher une enquête publique indépendante, pour voir dans quelle mesure toutes les règles en vigueur avaient été respectées dans l'affaire Norbourg, notamment en ce qui a trait à l'octroi de crédits d'impôts d'un million de dollars à Vincent Lacroix, en 2001.

La chef du deuxième parti d'opposition, Pauline Marois, de même que le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, ont tenté, en vain, de présenter une motion pour forcer la main du gouvernement, mais ce dernier n'a même pas voulu en discuter.

«Si après le procès, il y a des zones d'ombre, bien, à ce moment-là, on aura l'occasion de se prononcer là-dessus», a dit M. Charest, en faisant référence aux centaines d'accusations criminelles portées la veille contre six personnes reliées au scandale Norbourg, dont un fonctionnaire du ministère des Finances, Jean Renaud.

Il a justifié sa position en faisant valoir qu'il ne fallait pas s'immiscer dans le procès en cours.

«Je pense qu'il faut laisser le processus judiciaire faire son travail», a-t-il dit, soulevant l'ire des deux partis d'opposition, qui jugent que leur demande n'a rien à voir avec la démarche judiciaire.

Mme Marois a déploré le fait que «des allégations viennent malheureusement compromettre la confiance du public à l'égard de l'Etat québécois», d'où la nécessité d'une enquête pour faire toute la lumière et rétablir ce lien de confiance.

Dans une déclaration au syndic de faillite, l'ex-pdg de Norbourg, Vincent Lacroix, avait incriminé Jean Renaud en affirmant qu'il lui avait versé 100 000 $ en échange de l'obtention d'un crédit d'impôt d'un million $.

Jean Renaud, qui a été congédié du gouvernement mercredi au moment où des accusations étaient portées contre lui, a toujours nié ces allégations.

Mario Dumont a lui aussi insisté pour dire que le procès des six accusés «ne porte pas sur l'administration publique québécoise». Il y a donc «des questions qui demeurent entières», selon lui, et qui méritent réponse dans le cadre d'une enquête.

Il a noté qu'à trois reprises, grâce à son aide financière, «c'est l'Etat québécois, c'est l'administration publique québécoise qui a donné la respiration artificielle à Norbourg, lui permettant de faire d'autres victimes, plus de victimes».

Au total, Norbourg a floué 9200 petits investisseurs.