Si des pessimistes broient du noir avec les données américaines moroses, d'autres voient les chantiers de construction bourdonner et des projets poindre à l'horizon.

Si des pessimistes broient du noir avec les données américaines moroses, d'autres voient les chantiers de construction bourdonner et des projets poindre à l'horizon.

Selon la dernière étude de Statistique Canada, les permis de bâtir ont chuté de 4,5% en mars, mais à cause de l'Alberta.

La baisse est plus forte que prévu, note l'économiste stratégiste de TD Securities, Millan Mulraine, mais le marché canadien de l'habitation reste en bon état.

Au Québec, les données désaisonnalisées sur les permis de bâtir montent de 1,9% au premier trimestre, ajoute Statistique Canada. Montréal accuse une baisse de 4,8%, mais Québec (+9,7%), Saguenay (+60,9%) et Sherbrooke (+62,2%) montrent des hausses.

«Le volume est extrêmement fort», souligne l'économiste principal de la Commission de la construction du Québec, Louis Delagrave.

«Malgré la hausse des prévisions à 128 millions d'heures travaillées en 2008, l'activité vogue plutôt au rythme de 133 millions d'heures, en hausse de 5%. La CCQ n'est pas inquiète pour la suite, y compris dans l'industriel (malgré les problèmes des manufacturiers). En outre, le génie civil et la voirie ne se retrouvent pas dans les permis de bâtir et c'est un secteur de neuf milliards de dollars au Québec.»

La directrice générale de l'Association des constructeurs de routes et de grands travaux du Québec, Gisèle Bourque, prévoit d'ailleurs des «travaux totaux de 3 milliards cette année, en hausse de 1 milliard. Sur 1850 chantiers, 36 000 personnes vont travailler, dont 23 000 en région».

Pierre Pomerleau, président de l'entrepreneur Pomerleau, était «très nerveux» au début de l'année, car l'analyse des projets en PPP (partenariat public-privé) traînait en longueur à Montréal.

Là par contre, les «petits contrats d'au moins 50 millions se multiplient à Montréal», donc ceux du pavillon Bellini de l'Université McGill, de l'hôtel Ritz-Carlton et du pont Galipeau, à reconstruire.

En outre, «les marchés des Maritimes et de l'Ontario sont en feu». Ainsi, l'effectif de 1500 employés se maintient, pour des revenus annuels de 775 millions, malgré un début d'année lent, déclare Pierre Pomerleau.

Après une hausse de 12% l'an dernier chez Construction Albert Jean, les revenus devraient monter cette année de 10% ou 15%, à 50 millions.

Grâce à des contrats dans les immeubles de bureaux, l'industriel et le commerce de détail, l'entrepreneur maintient son effectif à 75 personnes, mais passe de huit à neuf directeurs de projet, dont pour le magasin d'Omer DeSerres, à Ottawa, et le nouveau concessionnaire Duval Mercedes, à Boucherville.

Le constructeur Prével prévoit de son côté égaler les 500 unités d'habitation vendues de l'an dernier. Le président, Jacques Vincent, va presque doubler le projet Lowney, avec 330 autres condos, dans le quartier Griffintown, et doit lancer d'ici un mois le Cherbourg II pour les retraités, à Brossard.